Fermeture L'annonce de la fermeture du cinéma Gaumont Italie révèle les difficultés des grandes salles parisiennes Clap de fin pour le Gaumont Grand Ecran Italie. Cette salle de cinéma, située dans le 13e arrondissement de Paris et qui possède le plus grand écran de la capitale (24 m × 10 m), devrait fermer ses portes, ont annoncé les responsables d'Europalaces, la société qui gère les réseaux Gaumont et Pathé. Il se murmure, dans le quartier, que des magasins de prêt-à-porter, de chaussures ou de décoration intérieure pourraient s'installer dans ce lieu, qui fut l'endroit le plus couru par les spectateurs parisiens au début des années 1990. Après la fermeture, il y a déjà trois ans, du Kinopanorama, dans le 15e arrondissement, il ne subsiste plus dans la capitale, comme salles de plus de 600 places n'appartenant pas à des multiplexes, que le Grand Rex, le Max-Linder et l'UGC Normandie sur les Champs-Elysées. Face au développement des grands complexes cinématographiques, à la rénovation et à l'amélioration du confort de la plupart des salles, remplir un cinéma de 600 fauteuils comme le Max-Linder tient de la gageure. Sans parler des 2 800 places de la grande salle du Grand Rex, qui affiche un "taux de remplissage dérisoire", selon son PDG, Philippe Hellmann. Seules les premières des grandes productions Disney ou Star Wars permettent de faire le plein. DIVERSIFICATION "Depuis dix ans, l'exploitation s'est transformée, analyse M. Hellmann. Avec le choix et les conditions qu'offrent les multiplexes, les amateurs de cinéma n'ont plus besoin de venir au centre de Paris pour voir un film." Pour la survie de ce monstre sacré qu'est le Grand Rex, classé monument historique en 1981 et donc intouchable, il avait l'idée de construire quatorze nouvelles salles en plus des trois existantes. Cette transformation devait doper la fréquentation de la grande salle, comme lors des premières extensions, en 1974 et 1983. Le projet a été retoqué car le parking souterrain prévu, notamment pour contribuer au financement de l'opération, allait à l'encontre de la politique des déplacements menée par la municipalité parisienne. A la barre du navire depuis 1967, M. Hellmann se donne maintenant dix-huit mois pour mener à terme la diversification du Grand Rex avec l'organisation de spectacles et de concerts. "CRÉER L'ÉVÉNEMENT" A l'inverse, le Max-Linder, avec son unique salle de 600 places sur les Grands Boulevards, continue de miser sur le pouvoir de séduction du film. "Pour attirer 600 personnes, il faut créer l'événement. Quand on veut voir une pièce de théâtre, on est bien obligé de bouger. Il faut essayer de recréer la même chose avec le cinéma", dit Simon Simsi, le gérant du Linder. Ainsi la première de Ray, la biographie filmée de Ray Charles, a été accompagnée d'un spectacle de musique. M. Simsi sacrifie aussi à certaines recettes des multiplexes : la carte UGC illimitée y est acceptée, tout comme, bientôt, le Pass Gaumont. Il bénéficie aussi d'une subvention de la Mairie de Paris. "Depuis 2002, plus de 40 salles ont été aidées, souligne Régine Hatchondo, responsable de la mission cinéma dans la capitale. Le but est de maintenir la diversité. On peut avoir envie de voir des films dans des multiplexes, mais il faut cultiver le goût pour toutes les salles obscures." Avec près de 380 salles, dont 150 indépendantes et 89 d'art et d'essai, l'offre cinématographique de la capitale reste importante et variée. Le Gaumont Grand Ecran attirait près de 300 000 spectateurs par an. Mais sur les 30 millions de billets vendus en 2004 à Paris, plus d'un sur cinq l'a été aux seuls UGC CinéCité de Bercy et des Halles. "Il y a parfois une nostalgie à propos des grandes salles, note Mme Hatchondo. Il ne faut pas accuser de tous les maux des multiplexes qui ont contribué à relancer la fréquentation."