Mort de L'ancien

Mort L'ancien premier ministre turc Bülent Ecevit est mort L'ancien premier ministre turc Bülent Ecevit est mort, dimanche soir 5 novembre, à l'âge de 81 ans, dans un hôpital militaire d'Ankara où il était hospitalisé depuis mai à la suite d'une hémorragie cérébrale. C'était un vétéran de la gauche, un nationaliste convaincu et un symbole de probité, surtout connu pour avoir donné à l'armée turque l'ordre d'intervenir à Chypre en 1974. M. Ecevit, petit homme à la moustache fournie, aux lunettes fines et portant la casquette, avait tiré sa révérence après une longue carrière politique au lendemain de sa défaite aux dernières élections législatives en novembre 2002, lorsque son Parti démocratique de gauche (DSP) avait perdu tout ses sièges au Parlement. Sa santé chancelante et l'effondrement de la coalition gouvernementale qu'il dirigeait depuis 1999 ont sonné le glas d'une carrière de plus de quarante ans qui l'aura vu cinq fois premier ministre. Il débute dans le journalisme en 1950 au sein de la presse proche du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le parti du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk. En 1959, il est élu chef régional du parti à Zonguldak, une région minière du Nord-Ouest, sur la mer Noire. Bülent Ecevit grimpe vite les échelons du CHP, dont il devient secrétaire général en 1966 avant d'en prendre la direction en 1972, succédant à l'ex-premier ministre et président de la République Ismet Inijnü, camarade d'Atatürk et héros national de la guerre de libération (1919-1922) qui l'avait fait entrer en politique. CHARISMATIQUE Chef charismatique, porté par la vague de gauche des années 1970, il devient premier ministre à la tête d'une coalition avec les islamistes du Parti du salut national de l'ex-premier ministre Necmettin Erbakan. Sous cette coalition gouvernementale qui a duré dix mois, Bülent Ecevit ordonne l'intervention militaire à Chypre, en riposte à un coup d'Etat des nationalistes chypriotes grecs visant à rattacher l'île à la Grèce. Il était à nouveau chef du gouvernement en 1999, lors de la capture au Kenya du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan, ennemi public n° 1 de la Turquie, qu'il annonça devant la presse la voix tremblante d'émotion. Son prestige a toutefois gravement souffert de la crise économique qui a frappé le pays en 2000 et 2001. Né le 28 mai 1925 dans une famille bourgeoise d'Istanbul, cet ancien journaliste n'a aucun diplôme universitaire. Bülent Ecevit passe son baccalauréat en 1944 au prestigieux Robert College d'Istanbul, un lycée américain, avant d'étudier la littérature anglaise à l'université d'Ankara. Il étudia aussi le sanskrit et traduisit en turc T. S. Eliot et Rabindranath Tagore. Auteur de poèmes à ses heures perdues et n'ayant jamais été tenté par les affaires, Bülent Ecevit avait conservé une réputation de grande honnêteté, qualité plutôt rare dans une classe politique turque éclaboussée par de multiples affaires de corruption. Sa modestie et son aspect chétif cachaient toutefois un caractère autoritaire et souvent intolérant en ce qui concerne la moindre opposition au sein de son parti. Depuis sa défaite aux urnes, Bülent Ecevit vivait quelque peu reclus avec son épouse, Rahsan, qui veillait jalousement à protéger son intimité. Il avait été hospitalisé en mai à la suite d'une attaque cérébrale, après avoir assisté aux obsèques d'un magistrat assassiné lors d'une réunion du Conseil d'Etat par un jeune avocat islamiste.