Annonce L'ancien premier ministre russe Egor Gaïdar aurait été empoisonné Egor Gaïdar, premier ministre sous la présidence de Boris Eltsine au début des années 90, tombé brutalement malade en Irlande le 24 novembre, aurait été empoisonné. Selon son porte-parole, Valeri Natarov,les médecins qui le soignent depuis son retour d'Irlande ont conclu que l'ex-premier ministre avait été "empoisonné" de façon "non naturelle". "Nous nous attendons à un diagnostic officiel au début de la semaine prochaine", a indiqué M. Natarov, précisant que "les médecins ne sont pas encore prêts à dire de quelle substance il s'agit". "Quand à l'état d'Egor Gaïdar, nous observons une dynamique positive", a encore dit M. Natarov. Sur la radio Echo de Moscou, la fille de M. Gaïdar, Maria, a de son côté déclaré que "les médecins ne trouvent pas d'autres explications de l'état de mon père que l'empoisonnement par une substance inconnue". Agé de 50 ans, Egor Gaïdar avait quitté le parti communiste en 1991 pour rejoindre le gouvernement de Boris Eltsine. Il y était devenu le chantre des réformes libérales, défendant notamment la nécessité d'une "thérapie de choc" pour l'économie russe, concrétisée par l'abolition de la régulation étatique des prix. En 1994, il quitte le gouvernement et rejoint la mouvance démocratique. En 1999, il participe avec Anatoli Tchoubaïs, père des privatisations russes et président du monopole de l'électricité (SEU), à la fondation du parti de l'Union des Forces de droite (SPS), dont il est député jusqu'à 2003. Depuis, il s'est progressivement retiré de la vie politique pour se consacrer à la recherche dans le domaine de l'économie. Il est aujourd'hui considéré comme un opposant modéré au président Vladimir Poutine. RENCONTRE AVEC ALEXANDRE LITVINENKO L'ex-premier ministre, qui s'était rendu en Irlande pour une conférence, s'est senti mal après un petit-déjeuner et a été pris de vomissements et de saignements, selon le quotidien britannique Financial Times. Ce malaise, survenu au lendemain de la mort à Londres de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko, probablement empoisonné par du polonium 210, une matière hautement radioactive, a déclenché une nouvelle vague de spéculations au sein de la classe politique russe. Pour Anatoli Tchoubaïs, l'empoisonnement de M. Gaïdar est lié à celui de Litvinenko et à l'assassinat, le 7 octobre, de la journaliste russe Anna Politkovskaïa, qui enquêtait sur les crimes de l'armée russe en Tchétchénie. "Il est indiscutable que la construction mortelle Politkovskaïa-Litvinenko-Gaïdar était extrêmement attrayante pour ceux qui cherchent à changer de pouvoir par la force en Russie", a-t-il dit, excluant toutefois une implication du Kremlin ou des services secrets russes. M. Tchoubaïs s'est ainsi fait l'écho d'une thèse récurrente dans les milieux officiels, y compris chez le président Poutine, qui accusent les "ennemis de l'extérieur" – tels l'homme d'affaires controversé Boris Berezovski, réfugié à Londres et ami de Litvinenko – de vouloir déstabiliser la Russie. Egor Gaïdar avait affirmé avoir rencontré Alexandre Litvinenko à Londres, le 1er novembre, en compagnie de deux autres hommes, pendant une trentaine de minutes. Les alliés de M. Gaïdar au parti de l'Union des Forces de droite (SPS), comme Léonid Gozman, préfèrent ne pas "tirer de conclusions prématurées", le leader du parti Nikita Belykh ayant même qualifié d'"incorrecte toute tentative d'accuser le pouvoir".