Condamnation L'ancien PDG d'Enron Jeffrey Skilling condamné à 24 ans de prisonJeffrey Skilling, l'ex-PDG d'Enron, a été condamné à 24 ans et 4 mois de prison, lundi 23 octobre, à Houston (Texas) pour sa responsabilité dans la faillite retentissante du géant du courtage en énergie. "Les crimes de cette ampleur méritent une punition sévère", a estimé le juge Sim Lake en rendant la sentence.Jeffrey Skilling avait été reconnu coupable, le 10 mai, de 19 chefs d'accusation, notamment de fraude et de complot. Il encourait théoriquement jusqu'à 185 années de prison, mais le tribunal de Houston l'a condamné à 292 mois de prison, ce qui fait 24 ans et 4 mois. Il a indiqué qu'il comptait faire appel de ce jugement.M. Skilling est ainsi l'ancien dirigeant d'Enron le plus lourdement condamné dans ce procès qui entendait juger le scandale d'entreprise le plus important de l'histoire américaine. Il comparaissait seul, car son co-accusé Kenneth Lay, lui aussi reconnu coupable en mai, est décédé en juillet d'un arrêt cardiaque."LA CULTURE DE LA CONCURRENCE ET DU MOI D'ABORD" MM. Skilling et Lay avaient symbolisé les abus du monde de l'entreprise au tournant du siècle. Grevé par quelque 40 milliards de dollars de dettes, le courtier en énergie avait fait faillite, fin 2001, à la suite de malversations comptables orchestrées par ses dirigeants. Lors de l'audience, M. Skilling n'a pas bougé d'un iota dans ses affirmations. "Je suis innocent de ces accusations", a-t-il assuré, en promettant d'"exercer tous [ses] droits constitutionnels".Mais plusieurs ancien employés ont également témoigné de leur amertume. Kevin Hyarr, employé pendant 17 ans chez Enron, a décrit "la culture de la concurrence et du moi d'abord" qui régnait pendant les cinq dernières années chez le géant de l'énergie. C'était un "virus activement cultivé par la direction", a-t-il indiqué, demandant au juge d'"envoyer un message" aux dirigeants d'autres entreprises en infligeant à M. Skilling la peine maximale."La pire erreur que Ken Lay ait faite a été de vous embaucher. Comment feriez-vous pour vivre avec 1 600 dollars par moi ?" a, pour sa part, lancé Ann Beliveaux, ancienne employée qui a perdu toutes ses économies pour sa retraite, soit 500 000 dollars. La chute d'Enron a eu lieu "uniquement à cause de votre cupidité. Vous devriez avoir honte", a-t-elle lancé.SKILLING N'A CESSÉ DE PLAIDER LA BONNE FOILors de leur procès, MM. Skilling et Lay avaient affirmé qu'ils n'étaient pas au courant des montages financiers du directeur financier Andrew Fastow qui avait créé des sociétés financières parallèles pour masquer les pertes du groupe. M. Fastow avait plaidé coupable et a accepté de collaborer avec la justice, ce qui lui avait valu une condamnation de six ans de prison seulement. Il avait été appelé à témoigner contre ses anciens patrons et avait affirmé qu'ils étaient au courant et que Jeffrey Skilling l'avait encouragé dans ses activités.Lors de son procès, M. Skilling n'a cessé de plaider la bonne foi. Il avait soutenu aux jurés qu'il avait vendu pour plus de 60 millions de dollars d'actions d'Enron dans les mois qui avaient précédé la faillite car il entendait ainsi "diversifier" son portefeuille en raison des inquiétudes pesant sur l'économie américaine après les attentats du 11 septembre 2001.M. Skilling avait pris le poste de PDG d'Enron début 2001, avant de démissionner, à la surprise générale en août 2001, obligeant son prédécesseur et fondateur du groupe Kenneth Lay à le remplacer au pied levé. Quelques mois plus tard, Enron, dont le chiffre d'affaires approchait 100 milliards de dollars, avait fait faillite, précipitant plusieurs milliers de personnes au chômage et ruinant ses actionnaires. Kenneth Lay avait fondé Enron au milieu des années 80 et l'avait dirigé jusqu'au début 2001.
