Mort de L'ancien

Mort L'ancien maître espion de la RDA Markus Wolf s'éteint sans livrer ses secrets C'est un pied de nez digne des grands maîtres de l'espionnage : s'éteindre dans son lit, sans avoir livré ses secrets, alors que l'Allemagne célèbre le 17e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Markus Wolf, l'un des plus grands espions de l'époque de la guerre froide, au service de l'ex-RDA communiste, est mort dans son sommeil, dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 novembre, à l'âge de 83 ans, à Berlin. SOLDAT DANS L'ARMÉE ROUGE "Micha", comme on le surnommait, dirigea, de 1956 à 1986, le service des renseignements extérieurs (Hauptverwaltung Aufklärung, HVA) de la puissante police secrète (Stasi) de la RDA, animant un réseau de quelque 5 000 agents hors de RDA. On l'appelait également "l'homme sans visage", car les services occidentaux n'arrivèrent à le connaître qu'en 1978, photographié dans les rues de Stockholm en simple touriste. Né en janvier 1923 à Hechingen et issu d'une famille juive, Markus Wolf émigra avec son père dès l'arrivée de Hitler au pouvoir, en 1933. Après un passage par la France et la Suisse, la famille s'installa en URSS, où Markus fréquenta les plus hautes écoles du régime. De retour à Berlin, en 1945, sous l'uniforme de l'Armée rouge, il fut brièvement journaliste de radio, couvrit le procès des criminels nazis à Nuremberg, puis devint diplomate de la RDA à Moscou avant de rejoindre la Stasi. PEU INQUIÉTÉ APRÈS LA CHUTE DU MUR MALGRÉ SES EXPLOITS Après avoir été pendant trente ans l'un des hommes les plus redoutés des services secrets occidentaux, Markus Wolf s'était réfugié après la réunification d'abord en Russie, où il avait grandi, puis brièvement en Autriche, avant de se rendre de son plein gré à la justice allemande en septembre 1991. En 1993, il écopait de six ans de prison pour "trahison" devant un tribunal de Düsseldorf, une peine qu'il n'a jamais purgée, la Cour constitutionnelle allemande ayant annulé en 1995 toutes les poursuites pour espionnage contre des centaines de responsables des services secrets de RDA. En 1997, il était condamné à deux ans de prison avec sursis pour séquestrations pendant la guerre froide. L'un des faits d'armes de Wolf restera le recrutement de Günter Guillaume, l'homme de confiance de Willy Brandt, comme informateur de la Stasi : le chancelier social-démocrate de la RFA dut démissionner en 1974 quand l'affaire fut découverte. L'ancien maître-espion vivait depuis sa mise à la retraite de ses conférences sur l'espionnage et de ses livres. Après la chute du Mur et la réunification de l'Allemagne, il avait confié qu'il continuait à croire aux "idéaux du socialisme". Jusqu'à la fin, il a dénoncé une "justice de vainqueurs" qui avait voulu faire de lui "le symbole du mal", alors qu'il n'avait fait que servir un Etat souverain.