Annonce L'ancien guérillero sandiniste est candidat à la mairie de Managua Nicaragua : le retour du Comandante Cero Le 22 août 1978, un commando de guérilleros sandinistes prenait d'assaut, en plein jour, le palais national de Managua, obtenant la libération de frères d'armes embastillés par le dictateur Anastasio Somoza, une rançon de dix millions de dollars et un avion pour se réfugier à Cuba. A la tête de ce groupe de têtes brûlées, un homme de 42 ans, Eden Pastora, que la presse du monde entier va faire connaître sous son nom de guerre, le Comandante Cero, et dont le coup de force marquera l'un des épisodes décisifs de la chute de Somoza, un an plus tard. Une histoire qui s'est répétée hier, d'une manière plus pacifique, lors des municipales nicaraguayennes. A 68 ans, Cero a décidé de revenir à l'assaut de Managua, mais cette fois en se présentant aux élections, pour enlever la mairie conquise par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) en 2000. «C'est la première fois que l'on me donne l'occasion de servir mon pays sans avoir les armes à la main», lance l'ex-guérillero aux cheveux blanchis qui disputera les faveurs des électeurs à Dionisio Marenco, candidat du FSLN, favori dans les sondages, et à Pedro Joaquim Chamorro Barrios, fils de l'ex-présidente Violetta Chamorro. Un retour qui vient couronner un parcours plus qu'atypique. Devenu vice-ministre de la Défense après l'arrivée au pouvoir du FSLN, Eden Pastora entre très vite en conflit avec le chef du mouvement, Daniel Ortega, qu'il accuse de «soviétiser» le Nicaragua. «Cero» quitte le pays en 1981 et resurgit trois ans plus tard à la tête d'un groupe de «contra» luttant contre la «révolution», avec l'aide financière de la CIA. Il manipule alors des millions de dollars : «J'en avais les mains toutes vertes, mais jamais je n'ai mis un billet dans ma poche», assure-t-il. La fin de l'expérience sandiniste, lorsque Violetta Chamorro gagne la présidentielle de 1990, le voit en effet complètement démuni. Eden Pastora se reconvertit dans la pêche au requin. Il ne peut plus payer ses notes téléphoniques. Ni ses avocats. Il n'a plus un sou. Pourquoi ce père de vingt et un enfants (nés de dix femmes différentes) a-t-il aujourd'hui abandonné sa barque pour revenir dans la course politique, à la tête d'une coalition de quatre petits partis de droite ? «Pour combattre la corruption, le pouvoir des caudillos et lutter contre l'injustice sociale», répond celui qui se déclare encore «sandiniste de coeur». Vaste dessein pour un pays – l'un des plus pauvres du continent américain en pleine crise politique. Le président Enrique Bolanos, qui a refusé de rendre des comptes sur le financement de sa campagne électorale, est menacé de destitution par le Congrès. Son prédécesseur, Arnoldo Aleman, purge une peine de vingt ans de prison pour fraude. Quant au parti de Daniel Ortega, qui a échoué trois fois à l'élection présidentielle, il est, selon Eden Pastora, également corrompu : «Nous sommes tous entrés dans Managua sans rien et j'en suis ressorti sans rien, alors que d'autres, ironise-t-il, ont aujourd'hui les poches pleines.»
