Mort de L'ancien
Mort L'ancien chef de l'Etat de la Haute-Volta, l'actuel Burkina Faso, le général Aboubacar Lamizana, est mort, jeudi 26 mai, des suites d'un malaise, dans une clinique d'Ouagadougou. Il était âgé de 89 ans.Né en 1916 à Zignara, ancien militaire de l'armée française, passé par l'Indochine et l'Algérie, Aboubacar Sangoulé Lamizana était arrivé au pouvoir en 1966 après l'éviction sur fond de crise politico-sociale de Maurice Yaméogo, le premier président civil.Chef d'état-major de l'armée, c'est en cette qualité que le lieutenant-colonel Lamizana dut de se retrouver à la tête du pays. Ce n'était pas un homme assoiffé de pouvoir et ce fut à son corps défendant qu'il fut proclamé chef de l'Etat.La Haute-Volta dont il hérita était un pays où le multipartisme n'existait pas. Les libertés étaient muselées. Ce fut le mérite du nouveau président de desserrer l'étau. La Constitution de l'ancien régime ayant été suspendue, le pays se dota en 1971 d'un autre texte fondamental, d'essence plus libérale. Le multipartisme était reconnu. Des opposants occupaient des postes dans la haute administration et la presse retrouvait une liberté de ton qu'elle avait oubliée. Dans une Afrique souvent soumise au régime du parti unique, le président Lamizana fut d'ailleurs mis en ballottage lors de l'élection présidentielle de 1978.Ironie du sort, ce sont les syndicats qui, après l'avoir porté au pouvoir, seront la cause de sa chute. Une grève interminable des enseignants et la défection de certains membres de son gouvernement aboutirent en novembre 1980 à un coup d'Etat militaire, dirigé par le colonel Saye Zerbo, qui mettra un terme à quatorze années de pouvoir. "Je vous ai donné la liberté mais vous l'avez assassinée", avait prévenu le chef de l'Etat peu avant son éviction.Retiré des affaires publiques, l'ancien président Lamizana avait conservé un prestige réel auprès des Burkinabés. Un deuil de trois jours a été décrété au lendemain de son décès.