Victoire L'alpiniste français Jean-Christophe Lafaille au sommet du Shishapangma Plusieurs cordées ont tenté une ascension hivernale du Shishapangma, mais aucune n'a réussi. Jean-Christophe Lafaille préparait ce projet depuis 1996. Il a déjà gravi onze sommets de plus de 8 000 mètres dans l'Himalaya, dont le Shishapangma par une autre voie.L'alpiniste français Jean-Christophe Lafaille, âgé de 38 ans, a atteint samedi matin 11 décembre le sommet du Shishapangma (8 064 mètres), au Tibet, a-t-on appris par le biais de son épouse. Il réussit ainsi la première ascension hivernale en solitaire d'un sommet de plus de 8 000 mètres. "Ca me scotche", s'est exclamé Claude Gardien, rédacteur en chef du magazine spécialisé Vertical, joint au téléphone par l'AFP. "C'est un coup énorme", a-t-il estimé, cherchant ses mots pour qualifier l'exploit."C'est une première mondiale", avec "un triple défi : l'altitude, la solitude et le froid", a commenté, de son côté, Jean-Michel Asselin, directeur de la rédaction de Vertical. "Il n'a plus guère de concurrents", a poursuivi M. Asselin, observant que Jean-Christophe Lafaille, selon les premières informations, avait, en outre, ouvert une voie nouvelle, et ce, dans une paroi réputée difficile "à laquelle nombre de grosses pointures se sont attaquées en vain".C'ÉTAIT "MAGNIFIQUE" ET "MAGIQUE" Jean-Christophe Lafaille, qui préparait ce projet depuis 1996 et avait dû renoncer l'hiver précédent, a escaladé le Shishapangma par une paroi mixte de glace et de roche, haute de 2 300 mètres. Elle avait été gravie pour la première fois en 1982 par une cordée menée par le Britannique Doug Scott et ne comporte aujourd'hui que des itinéraires réputés difficiles et dangereux, selon Jean-Michel Asselin."Jean-Christophe a atteint le sommet à 11 h 45, heure locale", a précisé Katia Lafaille, jointe au téléphone. Elle a appris la nouvelle par l'unique accompagnateur de Jean-Christophe Lafaille au camp de base, son cuisinier, que l'alpiniste a joint par radio du sommet.Jean-Christophe Lafaille, qui était au pied de la montagne depuis le 11 novembre, a profité d'une brève accalmie des conditions météorologiques, dominées par des vents extrêmements violents, atteignant couramment 180 km/h, pour se lancer à l'assaut du sommet.Il a regagné dans l'après-midi de samedi son dernier bivouac à 7 000 mètres pour se reposer et son épouse a pu l'y joindre sur son téléphone satellitaire. "Il était très heureux et très fatigué aussi", a-t-elle expliqué. "Il avait quitté son bivouac à 4 h 30 (heure locale). Il a dit : "c'était magnifique, c'était magique"", a indiqué Mme Lafaille.MANQUE D'OXYGÈNEAu cours d'une longue acclimatation, Jean-Christophe Lafaille avait établi un camp de base avancé à 5 800 mètres et un bivouac à 7 000 mètres. Il avait ensuite attendu une fenêtre météo, dans des conditions extrêmement rudes et par un froid glacial.L'hiver se caractérise dans cette région par un temps plus stable, mais les vents sont très forts. La difficulté et les dangers de telles ascensions sont accrus en cette saison par des températures très basses, aux environs de moins trente degrés. Les risques de gelures sont accentués à ces hautes altitudes par le manque d'oxygène, qui ralentit la circulation du sang.Plusieurs cordées ont tenté, au cours de ces dernières années, une ascension hivernale du Shishapangma, mais aucune n'a réussi. Une seule ascension hivernale et solitaire dans l'Himalaya a été tentée et réussie par un Japonais, Yasuo Kato, qui a gravi l'Everest, mais avec un soutien logistique important jusqu'à une très haute altitude, selon Jean-Michel Asselin.Jean-Christophe Lafaille a déjà gravi onze sommets de plus de 8 000 mètres dans l'Himalaya, souvent en solitaire, par des voies nouvelles et toujours sans oxygène.Avec AFP
