Crise L'agitation persiste en Equateur après la chute du président Guttierez La situation du président équatorien, Lucio Gutierrez, renversé par le Congrès mercredi 20 avril à l'issue d'une semaine de manifestations, a fait l'objet d'informations contradictoires. Mercredi, un hélicoptère militaire a évacué M. Gutierrez du palais présidentiel, situé dans le centre ville de Quito, après que 60 parlementaires, sur les 100 que compte la chambre, eurent voté pour l'éviction du président, accusé d'"abandon de poste". Les autorités équatoriennes ont ensuite affirmé qu'il était détenu dans une garnison à l'extérieur de la capitale Quito pour "avoir ordonné à la police et aux militaires de sortir réprimer les manifestants". Mais selon le ministère brésilien des affaires étrangères, Lucio Gutierrez s'est réfugié à l'ambassade du Brésil à Quito, où il a demandé l'asile diplomatique. L'asile lui a été accordé par le gouvernement brésilien, a annoncé la même source. L'agitation en Equateur est notamment née de la nomination, par le président Gutierrez, d'alliés politiques à la Cour suprême. Les manifestations contre Gutierrez avaient gagné en violence ces derniers jours. Elles ont fait deux morts, un photographe chilien victime des gaz lacrymogènes et une femme renversée par un camion. L'intérim est désormais assuré par le vice-président, Alfredo Palacio, chargé de mener à bien un mandat courant jusqu'en janvier 2007.  "La dictature est terminée, (...) aujourd'hui, c'est la fin de l'arrogance et de la peur", a déclaré le nouveau président. Ce cardiologue de 66 ans, qui n'a pas ménagé ses critiques à l'endroit de M. Gutierrez, a promis de "refonder la République". Il a fait savoir qu'il réfléchirait à d'éventuelles élections anticipées, mais a refusé de dissoudre le Congrès, estimant que cela constituerait un "acte dictatorial". LES AÉROPORTS FERMÉS Lors d'une conférence de presse avec de hauts responsables de l'armée, M. Palacio a annoncé qu'il organiserait un référendum dans les prochains mois afin de modifier la constitution avant toute nouvelle élection. Lors de cette intervention, Alfredo Palacio a déclaré être "le seul espoir" du pays. Un avis que ne partagent apparemment pas les manifestants, qui, par centaines, ont bloqué temporairement le nouveau président dans le bâtiment où celui-ci venait de se voir confier ses nouveaux pouvoirs, exigeant de lui qu'il dissolve le parlement et convoque des élections anticipées. Plus tard, des émeutes ont éclaté, et de la fumée s'est élevée en plusieurs points de la ville. Des manifestants hostiles au gouvernement sont parvenus à entrer dans l'enceinte du Congrès, brisant des fenêtres et des chaises. Les aéroports du pays ont été fermés, et M. Palacio a estimé que les frontières devraient l'être aussi pour empêcher des responsables politiques incriminés de quitter le pays.