Annonce L'Afrique du Sud est le premier pays africain à légaliser les unions homosexuelles L'Afrique du Sud est désormais le premier pays d'Afrique à avoir légalisé les unions homosexuelles. Le Parlement a adopté, mardi 14 novembre, une loi créant une "union civile", qui confère aux couples, de même sexe ou pas, les mêmes droits que le mariage, sans en porter le nom. Ce compromis a été trouvé au dernier moment après des mois de tergiversations et d'empoignades autour de cette question devenue pour le gouvernement un dossier épineux. Sur un continent généralement homophobe, où l'homosexualité est au mieux un tabou, au pis un crime puni par la loi, l'Afrique du Sud faisait déjà figure d'exception, un peu malgré elle. La protection des droits des homosexuels n'est en effet le fruit ni d'une volonté politique ni d'une tolérance ; elle est un héritage historique. Sous l'apartheid, l'homosexualité était interdite et beaucoup de gays et lesbiennes du pays se sont battus, tout comme l'ANC et les autres mouvements de libération, pour faire tomber le régime ségrégationniste. Lors de la rédaction de la nouvelle Constitution, juristes et politiques ont fait en sorte de garantir des droits à cette communauté et surtout de ne plus laisser aucune place à la discrimination, que ce soit par la couleur ou par les préférences sexuelles. TOLLÉ GÉNÉRAL L'ANC, pour autant, n'avait jamais songé et encore moins promis de légaliser le mariage homosexuel. Le gouvernement vient d'y être contraint par la Cour constitutionnelle. L'affaire a été lancée, il y a plus de deux ans, par un couple de lesbiennes, deux Afrikaners de Pretoria, qui vivaient ensemble depuis des années. Elles ont estimé que la loi sur le mariage, qui ne peut unir qu'un homme et une femme, était discriminatoire et donc anticonstitutionnelle. La justice leur a donné raison et a ordonné au Parlement de modifier la loi. Tollé général, notamment parmi les Eglises mais aussi au sein même de l'ANC, comme dans plusieurs partis d'opposition. Si les homosexuels sont protégés par la loi, si l'Afrique du Sud est le seul pays africain à organiser des Gay Pride, les homosexuels restent mal acceptés. Des religieux et des chefs traditionnels ont proposé que l'on change la Constitution, des députés ont demandé à voter exceptionnellement selon leur conscience et non pas selon les consignes de leur parti. En dépit de l'embarras du gouvernement, l'ANC a réitéré son attachement à la Constitution et a demandé à ses membres de faire preuve de discipline. Le ministère de l'intérieur s'en est finalement sorti par une pirouette, en créant cette "union civile", évitant ainsi d'utiliser le mot "mariage", tout en offrant exactement les mêmes droits. Le mariage reste donc juridiquement l'union d'un homme et d'une femme. Reste à savoir combien de temps le subterfuge tiendra, la loi sur le mariage demeurant anticonstitutionnelle.