Diffusion «L'Affaire Villemin» : la fiction se heurte au réelSuite au téléfilm de France 3, la famille Laroche porte plainte.« candalisé» après trois soirées passées devant le petit écran, Me Gérard Welzer, l'avocat de la famille Laroche, va déposer plainte pour «violation de la vie privée, violation de la présomption d'innocence et violation du droit à l'image» après la diffusion par France 3 de l'Affaire Villemin. L'avocat avait tenté, sans succès, d'obtenir de la justice le visionnage préalable du téléfilm de Raoul Peck qui s'appuie sur le livre de Christine et Jean-Marie Villemin et sur celui de Laurence Lacour, journaliste à Europe 1 qui a couvert toute l'affaire. «Nos craintes étaient en deçà de la réalité», assure Me Welzer.L'avocat affirme que «Marie-Ange Laroche va également saisir le CSA» afin qu'il sanctionne France 3. Il s'interroge : «Est-ce qu'on veut un système à l'américaine, avec une vérité médiatique contraire à la vérité judiciaire, au nom de l'audimat et de l'intérêt du public pour les faits divers ?» L'avocat reproche au téléfilm d'accréditer «une thèse qui ne correspond pas à la réalité judiciaire : Bernard Laroche serait coupable, avec l'aide de Muriel Bolle». En 1984, l'adolescente avait affirmé avoir assisté à l'enlèvement de Grégory par Laroche, avant de se rétracter. A la fin de l'Affaire Villemin, une longue scène la dépeint en jeune femme butée, enfermée dans une logique de dénégation face au juge d'instruction qui lui oppose moult témoignages contradictoires.Le hic, soutient Me Welzer, est qu'au moins trois éléments de cette scène ne sont pas conformes à la réalité. Le réalisateur de l'Affaire Villemin s'est basé sur l'arrêt de non-lieu de Christine Villemin en février 1993, mais les avocats estiment que certains faits ont été démentis lors du procès de Jean-Marie Villemin, en décembre 1993. Me Jean-Paul Teissonnière, l'avocat de Muriel Bolle, tique sur la même scène : «La position de ma cliente était beaucoup plus claire, et deux des témoignages évoqués ont servi à bâtir un scénario qui s'est écroulé au procès de Jean-Marie Villemin à Dijon. On nous ressert un vieux potage.» Me Teissonnière vient de demander au procureur général de Dijon la réouverture de l'instruction sur le meurtre de Grégory Villemin.De son côté, Me Thierry Moser, avocat des Villemin, rappelle les termes du non-lieu obtenu par la mère de Grégory : «Absence de charges» à son encontre et «charges très sérieuses» pesant sur Laroche pour l'enlèvement de l'enfant.A France 3, Vincent Meslet, directeur des programmes, ne s'inquiète pas plus que ça : «Toute l'élaboration, du scénario jusqu'au montage, a été suivie par nos avocats. On s'est bordés de conseils juridiques.» Premier principe : «Pour aborder un fait divers il faut se baser sur des faits publics et avérés, à savoir les procès-verbaux ; c'est ce que nous avons fait.» Deuxième principe : «Ne pas parler de la vie privée des personnes autres que les Villemin et Laurence Lacour», qui sont d'ailleurs les seules à porter leur vrai nom dans le téléfilm. Et la fameuse scène entre le juge et Muriel Bolle ? «Cette scène-là, les avocats s'y sont penchés au plus près», affirme Meslet. «Nous attendons sereinement ; s'ils attaquent au fond, il y aura vérification.»
