Annonce L'affaire Gongadze «élucidée» en Ukraine L'ancien pouvoir est accusé d'avoir couvert les assassins du journaliste tué en 2000. 'affaire Gongadze, du nom du journaliste d'opposition assassiné en 2000, est «élucidée», a annoncé hier le président ukrainien Victor Iouchtchenko, accusant le précédent pouvoir d'avoir «couvert les assassins». «Des individus ont été arrêtés et sont passés aux aveux», a-t-il ajouté devant des journalistes, «le pouvoir précédent (de l'ancien président Léonid Koutchma, ndlr) couvrait les assassins.» Ce meurtre avait à l'époque déclenché un véritable séisme politique. Alors que les manifestants descendaient dans les rues, l'opposition, aujourd'hui au pouvoir, avait accusé Koutchma de l'avoir commandité, ce qu'il a toujours nié. Des enregistrements audio, réalisés par un ancien officier de la garde présidentielle, Mykola Melnitchenko (qui a obtenu en 2001 l'asile politique aux Etats-Unis), avaient mis en cause le Président. Mais ils avaient été qualifiés de «montage» par la justice. «Ma tâche, et celle des forces de l'ordre, est d'aller jusqu'au bout, jusqu'à l'essentiel, remonter à ceux qui ont organisé et commandité» ce crime, a souligné Iouchtchenko, laissant peser une menace sur l'impunité dont jouissait jusqu'ici Koutchma. Auparavant, la télévision Kanal 5 avait fait état de l'arrestation de trois suspects, tous membres des forces de l'ordre, deux d'entre eux ayant le grade de «colonel». Directeur du journal en ligne Ukraïnska Pravda, connu pour ses critiques contre le pouvoir, Gongadze avait disparu le 16 septembre 2000 à Kiev. Deux mois plus tard, son corps décapité était retrouvé près de la capitale. Peu avant sa mort, le journaliste s'était plaint d'être filé par la police. Le journaliste a connu «une mort terrible», pire qu'«au Moyen Age», a lancé d'une voix émue Iouchtchenko, qui a laissé entendre que des responsables de structures étatiques étaient directement impliqués. «J'ai du mal à croire que des fonctionnaires d'Etat ont pu faire preuve d'une telle méchanceté, d'une telle haine et d'un tel comportement animal», a-t-il ajouté.