Démission L'adieu du faucon Bolton à l'ONU Bush a accepté la démission de son très controversé ambassadeur. La future cohabitation à l'américaine vient de faire une première victime d poids. George Bush a accepté hier la démission de John Bolton, le trè controversé ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU. Le président américai espérait pouvoir faire avaliser par le Sénat la prolongation de son manda avant le changement de majorité en janvier. Mais la victoire démocrate l' empêché de faire ce tour de passe-passe Idéologie contraire. Avant sa prise de fonction, à l'été 2005, John Bolton s'était rendu célèbre aux Nations unies en déclarant que, si le siège perdait «dix étages, ça ne ferait pas une grande différence». Lors du débat sur sa nomination manquée, au Sénat, il lui fut reproché, outre son mépris pour l'institution, d'avoir tenté de manipuler les analyses des services de renseignements du département d'Etat pour les faire coller avec son approche idéologique. Les démocrates l'accusent d'être brutal et de représenter une idéologie contraire à l'approche multilatérale des Nations unies. Un diplomate français donne un tableau plus nuancé du bilan de John Bolton. Il voit en lui quelqu'un qui «aime négocier», qui «aime fabriquer du texte», ce qui tiendrait «au fait que c'est un avocat». Lors de la négociation sur la résolution 1 701 établissant cet été le cessez-le-feu au Liban, «il a été un négociateur très mobile et très actif». D'un autre côté, «quand il a une position idéologique, il n'y a rien à faire. Son passage ici n'a pas changé son analyse de l'ONU. Il ne croit toujours pas aux vertus du multilatéralisme». A son arrivée, John Bolton fit irruption dans les négociations devant aboutir à un vaste projet de réforme de l'ONU, en septembre 2005. Armé d'un stylo rouge, il prit le document d'étape et le biffa 750 fois. Le détricotage du texte a alors débouché sur une réforme a minima. «Il a sans doute perdu une occasion historique de réformer l'ONU», note un diplomate français. Son attelage avec la France au Conseil de sécurité pouvait faire craindre le pire. Toutefois, sur plusieurs sujets, il a formé un tandem efficace avec son alter ego Jean-Marc de La Sablière. «Au moment où il part, je dirais que nous nous sommes toujours respectés et que nous avons su travailler ensemble, notamment sur la résolution 1 701», a indiqué ce dernier, hier. Pourtant, tout dans le style opposait les deux hommes : Bolton emporté, abrupt et très libre de sa parole, La Sablière pondéré, consensuel et réservé en public. Rapprochement. Cette opposition a donné lieu au sein du Conseil de sécurité à une répartition des rôles, avec Bolton dans celui du méchant et la Sablière dans celui du gentil, qui a souvent permis de débloquer des négociations avec la Chine et la Russie. C'est ainsi que les deux hommes ont incarné un rapprochement diplomatique entre la France et les Etats-Unis sur plusieurs sujets, notamment sur le nucléaire iranien ou pour obliger la Syrie à coopérer à l'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.