Annonce L'action EDF ne décolle pas des 32 euros Le groupe français EDF a fait lundi 21 novembre une entrée sans éclat à la Bourse de Paris : ses actions ont clôturé à 32 euros au terme de sa première journée de cotation, soit exactement le prix payé par les quelque cinq millions de petits porteurs. Le titre du groupe d'électricité est resté bloqué à 32 euros quasiment tout au long de la séance. Mais, au cours de la matinée, avant la cotation officielle fixée à midi, l'action s'annonçait en baisse de 20 % en raison d'un flux de ventes en provenance de particuliers qui recherchaient des gains rapides. Le titre a été sauvé de la dégringolade par les achats de banques ayant mené l'opération d'introduction, venus in extremis compenser les ventes massives des particuliers. Au total, 52,8 millions d'actions (soit 1,69 milliard d'euros) ont changé de main, soit plus de 35 % des actions émises (187,8 millions) dans le cadre de l'ouverture du capital du groupe. "Environ trois millions de Français jouent en Bourse. Donc pour EDF, quantité de particuliers qui ne connaissent pas la Bourse sont entrés dans le capital par effet de mode, dans l'espoir de faire une plus-value dès le premier jour", a noté Pierre Sabatier, stratège boursier chez JCF Facset. "Les banques qui ont organisé l'opération essaient de maintenir le cours en hausse, sinon une dégringolade serait une catastrophe pour l'Etat. C'est une hausse plutôt artificielle", a commenté M. Sabatier. Contrairement aux espoirs des petits porteurs, qui n'ont finalement engrangé aucune plus-value au terme de cette première journée, EDF n'a pas réalisé la performance de Gaz de France, qui dès son premier jour de cotation en juillet avait bondi de 23 %. COURS SURVALORISÉ Les institutionnels s'étaient montrés plus prudents, jugeant le prix d'introduction trop élevé en raison de l'endettement du groupe, du risque de vieillissement des centrales nucléaires et de l'encadrement des tarifs de l'électricité par l'Etat, qui conserve plus de 85 % du capital. Le poids des syndicats a aussi fait hésiter les institutionnels. Une délégation de la CGT a ainsi remis, lundi, une pétition pour que l'entreprise d'électricité reste "100 % publique", contenant selon le syndicat 187 542 signatures. A moyen terme, les analystes se montrent aussi pessimistes sur les performances d'EDF, jugeant le cours survalorisé par rapport à ses concurrents européens. A 32 euros l'action, EDF affiche une valeur d'environ 58 milliards d'euros. "Cependant, un marché porteur, une croissance régulière des résultats, des dividendes appelés à croître demeurent des éléments attrayants pour investir dans le premier énergéticien européen", nuance Julien Picard, analyste chez Fideuram Wargny. Par ailleurs, l'entrée de ce poids lourd dans l'indice phare de la Bourse de Paris, le CAC 40, devrait inciter les fonds qui calquent leur portefeuille sur la composition de l'indice à acheter des actions EDF. "La question est de savoir quand EDF entrera au CAC 40 : en décembre, en janvier, dans quelques mois ? Les fonds ne vont pas se presser tant qu'ils ne sauront pas", a indiqué un courtier chez Deutsche Bank.