Annonce L'Académie de médecine goûte peu à l'homéopathie L'institution s'oppose au remboursement de produits dont elle met en doute l'intérêt thérapeutique. Contacté par tf1.fr, le docteur Jacques Boulet, qui "pratique l'homéopathie depuis 25 ans", dénonce la vision "idéologique" des Académiciens. "L'homéopathie est une méthode imaginée il y a deux siècles à partir d'a priori conceptuels dénués de fondement scientifique". C'est par cette phrase tranchante que l'Académie nationale de médecine introduit un communiqué rendu public lundi et intitulé : "Faut-il continuer à rembourser les préparations homéopathiques ?". Une question à laquelle les membres de la commission Thérapeutique, pharmacologie et toxicologie répondent par la négative."Doctrine à l'écart de tout progrès", "secteur marginal", "méthode obsolète", "propagande", l'Académie n'a pas de mots assez durs pour qualifier l'homéopathie et la publicité dont elle bénéficie. "Quand on examine en détail [les préparations homéopathiques], écrit le rapporteur Maurice Guéniot, on voit qu'elles ne répondent en rien à la définition du médicament ni dans leur nature ni dans leur destination." Les Académiciens leur reprochent de ne pas apporter la preuve, "par une succession d'essais pharmacologiques et cliniques", de leur intérêt thérapeutique, comme l'exige le Code de la santé pour tout médicament. "Il est inadmissible, poursuit le communiqué, de tolérer que ces produits fassent état d'indications très vagues ou très générales"."Aberration" Les Académiciens estiment donc "surprenant que le ministère de la Santé accorde [aux préparations homéopathiques] des autorisations de mise sur le marché et un remboursement par la Sécurité Sociale à ses assurés". Une "aberration" même, "à une période où, pour des raisons économiques, on dérembourse de nombreux médicaments classiques pour insuffisance (plus ou moins démontrée) du service médical rendu". En conséquence, l'Académie de médecine appelle à supprimer le remboursement des préparations homéopathiques, comme c'est le cas dans plusieurs pays européens (Allemagne, Italie, Espagne, Finlande, Suède, Norvège et Irlande). Une position partagée la Commission ministérielle de la Transparence, souligne le rapporteur."Possibilité thérapeutique complémentaire"Le communiqué est "conforme à ce qu'on attend d'une académie : idéologique et théorique", commente pour tf1.fr Jacques Boulet, médecin praticien et directeur du Centre d'enseignement et de développement de l'homéopathie (CEDH). Le docteur, qui précise "pratiquer l'homéopathie depuis 25 ans", souligne une "méconnaissance de la réalité et des travaux de recherches" de la part des Académiciens. Et d'insister sur la "légalité totale" des médicaments homéopathiques qui bénéficient d'une Autorisation de mise sur le marché (AMM). "Sur le plan clinique, plusieurs centaines d'études ont été publiées dans des revues internationales", insiste le docteur Boulet. "Le plus navrant, déclare-t-il, c'est le profond mépris que cette institution vénérable et tout à fait respectable porte aux médecins et aux patients. La science ne s'arrête pas aux portes des cabinets et les praticiens ne sont pas forcément des charlatans". En France, 10.000 médecins, généralistes comme spécialistes, prescrivent régulièrement l'homéopathie, assure-t-il, et 5.000 autres le font très souvent en première intention. "Leur démarche n'est pas théorique, ni idéologique mais elle s'inscrit dans le cadre de leur art", dit-il. "L'homéopathie est une possibilité thérapeutique complémentaire" de la médecine classique, ajoute-t-il.Tout en admettant des excès de la part de certains homéopathes, Jacques Boulet estime que "ce qui heurte, c'est l'énigme posée par l'homéopathie : il n'y a rien dedans d'un point de vue chimique mais ça marche, même si on ne sait pas comment ça marche". Le débat sur l'homéopathie est loin d'être clos.Trois principesL'homéopathie est "un système thérapeutique d'origine allemande imaginé" il y a deux siècles. Elle est fondée sur trois principes : 1) "les maladies se soignent par des substances qui reproduisent des effets similaires aux symptômes de l'affection", 2) "les médicaments produisent d'autant plus d'effets qu'ils sont dilués", 3) le traitement est individualisé en fonction du malade.Source : Dictionnaire médical Masson, 3e édition.
