Assassinat La vie reprenait son cours dans le fief sunnite de l'ouest de Bagdad, au lendemain du meurtre, dans des conditions atroces, de quatre Américains travaillant pour la coalition. Dans la ville de Falloujah, les magasins et les écoles étaient ouverts jeudi et les débris des deux voitures brûlées appartenant aux civils américains massacrés la veille avaient disparu des rues de cette ville rebelle du triangle sunnite, située à 50 kilomètres à l'ouest de Bagdad. Selon un témoin, qui n'a pas souhaité être identifié pour des raisons de sécurité, les habitants ont emmené les débris vers une destination inconnue, alors que, selon lui, les restes des victimes "ont été coupés en morceaux et des parties des corps jetées dans la rivière et aux chiens". Les US Marines, qui avaient été aperçus mercredi à l'ouest de la ville, n'étaient plus visibles jeudi mais des policiers irakiens et les forces de la défense civile ont installé un poste de contrôle à l'entrée de la ville.Mercredi, quatre civils américains travaillant pour la coalition ont été tués dans des conditions abominables par des inconnus qui ont pris la fuite, alors qu'ils traversaient la ville dans deux voitures. A bord de chaque véhicule se trouvaient deux personnes travaillant pour la firme américaine spécialisée dans la sécurité Blackwater Security Consulting, et qui escortaient des stocks de nourriture. Les deux voitures, prises sous des tirs nourris, ont été touchées et leurs occupants tués. "Des groupes d'enfants, d'adolescents et de jeunes gens, âgés de 8 à 30 ans, se sont alors déchaînés sur les corps brûlés des Américains. Ils ont tiré les corps du véhicule carbonisé pour les couper en morceaux, arrachant les jambes et tapant sur les corps déchiquetés", selon les témoins.Pendus à un pontEnsuite, les corps mutilés ont été tirés, l'un au bout d'une corde par un groupe de jeunes gens, l'autre derrière une voiture. Des jeunes hommes ont accroché une main et un pied coupés aux victimes sur un poteau électrique sur la rue principale. "Les restes des corps ont été attachés sur un pont suspendu métallique. Un premier corps a été accroché par le pied gauche, l'autre par le tronc, alors que les voitures continuaient de passer sur le pont", a raconté un photographe de l'AFP. Les groupes de jeunes dansaient et criaient des slogans hostiles aux Américains : "Mort, mort à l'Amérique, mort à l'occupant, mort aux collaborateurs" et criant "Vive l'islam". Présents lors des événements, des policiers irakiens avaient quitté les lieux à bord d'un véhicule.Les principales chaînes de télévision américaines ont ouvert leurs journaux mercredi soir avec les images des corps mutilés par la foule, renvoyant au précédent somalien de 1993, qui avait accéléré le départ des troupes de ce pays. "C'est une attaque méprisable. C'est une attaque horrible", a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche Scott McClellan. Jeudi, l'administrateur américain en Irak, Paul Bremer, a affirmé que ces attaques "ne resteront pas impunies", ajoutant que ces Américains "ne sont pas morts pour rien". Qualifiant ces attaques d'"inexcusables", il a assuré qu'elles ne "déstabiliseront pas la marche vers la stabilité et la démocratie en Irak"."Il s'agit d'un cadeau du peuple de Falloujah au peuple palestinien et à la famille du cheikh Yassine qui a été assassiné par les sionistes", a indiqué jeudi un communiqué distribué à Falloujah d'un groupuscule inconnu, les "Brigades Ahmad Yassine".
