Élection La victoire de Mahmoud Abbas à la présidentielle palestinienne suscite l'espoir Le candidat du Fatah, Mahmoud Abbas, a été élu dimanche à une écrasante majorité, président de l'Autorité palestinienne, selon les sondages de sortie des urnes. Cette victoire pourrait permettre la reprise du dialogue avec Israël. Les dirigeants de l'Etat hébreu, qui avant même le scrutin avaient évoqué cette possibilité, ont salué ce changement à la tête de l'Autorité palestinienne. Mais ils ont répété que M. Abbas devait faire de la lutte contre le terrorisme sa priorité. Mahmoud Abbas, candidat du Fatah, le principal mouvement palestinien, a été élu dimanche 9 janvier, à une écrasante majorité, président de l'Autorité palestinienne, selon les sondages de sortie des urnes."Nous offrons cette victoire à l'âme du frère martyr Yasser Arafat et à tous les Palestiniens", a lancé M. Abbas devant une foule en liesse de sympathisants du Fatah rassemblés à Ramallah, en Cisjordanie. "Le plus grand des djihads (guerre sainte) est devant nous", a estimé M. Abbas, faisant allusion à ses principaux objectifs : la cessation de l'Intifada palestinienne contre l'occupation israélienne, qui dure depuis quatre ans, et la relance des pourparlers de paix avec Israël.Et de poursuivre : "Des tâches difficiles nous attendent : comment allons-nous construire un Etat sûr, comment allons-nous résoudre le problème des prisonniers, comment allons-nous résoudre le problème de nos fugitifs ?"Selon un sondage effectué par le Centre palestinien de politique et de recherches (PSR, indépendant), basé à Ramallah, M. Abbas a recueilli 66,3 % des voix contre 19,7 % pour son principal rival, l'indépendant Moustapha Barghouti. Ce sondage a été réalisé à la sortie de 122 bureaux de vote en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a précisé le PSR, en estimant le taux de participation à 65 % des électeurs enregistrés. Un autre sondage sortie des urnes réalisé par l'université de Bir-Zeit, près de Ramallah, crédite M. Abbas de 66,1% des suffrages, contre 18,1% pour M. Barghouti. Les résultats officiels doivent être communiqués lundi par la Commission électorale centrale (CEC), à Ramallah et le vainqueur disposera d'un mandat de quatre ans renouvelable une fois. Les observateurs internationaux déployés sur place ont jugé le scrutin apparemment équitable, malgré les restrictions de mouvement imposées par Israël aux Palestiniens dans les territoires, qui n'ont pas toutes été assouplies.UNE "VICTOIRE POUR LA PAIX" ?La victoire de M. Abbas est "un message de démocratie du peuple palestinien au monde", a déclaré son directeur de campagne. Le ministre palestinien chargé des négociations avec Israël, Saëb Erakat, a parlé d'une "victoire pour le peuple palestinien, la démocratie et la continuité" de l'héritage de Yasser Arafat.Cet optimisme est partagé par la communauté internationale mais tempéré par les dirigeants israéliens, qui attendent de Mahmoud Abbas qu'il mette fin aux attentats meurtriers contre l'Etat hébreu.Le président américain, George W. Bush, a salué la bonne tenue et la forte participation de l'élection palestinienne "historique" de dimanche et s'est déclaré prêt à travailler avec le vainqueur. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a fait savoir que les Etats-Unis et d'autres pays augmenteraient leur aide financière aux Palestiniens pour soutenir leur développement économique et la réforme de leurs institutions.Le ministre des affaires étrangères français, Michel Barnier, a estimé que l'élection en Palestine constitue "une première victoire pour la paix", dans un entretien avec le quotidien Le Parisien-Aujourd'hui en France de lundi.Les dirigeants israéliens ont accueilli avec plus de prudence le résultat de cette élection, malgré la volonté affichée par M. Abbas au cours de la campagne d'œuvrer pour la paix. "Le principal défi est encore à venir. Combattra-t-il les terroristes et tentera-t-il de faire cesser la sanglante guerre contre l'Etat d'Israël ?", s'est interrogé le vice-premier ministre israélien, Ehud Olmert. L'ATTITUDE DES ACTIVISTES EN QUESTIONLe dirigeant travailliste Shimon Pérès, numéro deux du cabinet israélien, qui doit obtenir lundi l'investiture de la Knesset, a salué la victoire de M. Abbas. "Un nouveau processus va commencer. Un important changement est intervenu, et j'espère que la nouvelle direction palestinienne est le reflet d'un changement dans la rue palestinienne.""La direction palestinienne devra faire preuve de courage. Elle doit renoncer au droit au retour [en Israël] des réfugiés palestiniens et au rêve de destruction d'Israël", a affirmé à la radio publique le ministre des finances israélien, Benyamin Nétanyahou. Selon lui, "la direction palestinienne doit aussi cesser d'être corrompue et démanteler les organisations terroristes".Israël se veut d'autant plus prudent que les activistes palestiniens ont rejeté les appels de Mahmoud Abbas à une trêve. Le Hamas a déclaré qu'il pourrait collaborer avec M. Abbas, mais s'est interrogé sur sa légitimité dans les urnes. "Nous respectons le choix du peuple palestinien, mais pour Abou Mazen, avoir obtenu 70 % des voix des électeurs inscrits signifie qu'il a eu le soutien de quelque 35 % des Palestiniens. C'est très faible", a estimé le cheikh Hassan Youssef, dirigeant du Hamas en Cisjordanie.
