Anniversaire La "Transat" fête ses 150 ans sur fond de départ de l'ex-France LE HAVRE (AFP) - Le Havre fête en juin le 150e anniversaire de la Compagnie Générale Transatlantique, la célèbre "Transat", dont la lointaine héritière CMA-CGM ne transporte plus que des conteneurs et alors que son dernier paquebot, le France rebaptisé Norway, vogue vers un avenir asiatique incertain. Du 11 au 19 juin, la rue de Paris, l'une des principales artères commerçantes de la ville, se mettra à l'heure de ces paquebots qui ont traversé l'Atlantique, chargés d'immigrants pauvres ou de voyageurs célèbres. Affiches, maquettes, mobilier de navires orneront les devantures des magasins tandis que les cinémas proposeront des films inédits sur la vie à bord de ces navires souvent luxueux qui firent la gloire du port normand. Pour les Havrais, ces festivités organisées par l'association French lines, dépositaire du patrimoine de la "Transat", coïncident avec le voyage de l'ex-France pour la Malaisie qu'il doit atteindre début août. Son dernier armateur, la Norwegian Cruise lines (NCL), est resté évasif sur son utilisation future et certains craignent qu'il ne soit livré aux démolisseurs. Mais dans l'ancien port d'attache du dernier fleuron de la "Transat", mis en service en 1962, la mobilisation pour le sauver a été pratiquement inexistante. "Un navire c'est fait pour naviguer pas pour rester scotché à un quai", résume le maire UMP du Havre Antoine Rufenacht en évoquant les projets avortés de reconversion de l'ex-France en hôtel flottant. Le "Norway", ex "France", à quai dans le port allemand de Bremerhaven en février 2005 © AFP/Archives Marcus Posthumus Les amoureux des paquebots soulignent que le Norway transformé par NCL au moment de son rachat en 1979 a perdu de sa superbe et surtout que l'histoire de la Compagnie Générale Transatlantique ne se réduit pas à ce navire. Créée en 1855 par les frères Isaac et Emile Pereire, des banquiers parisiens, cette compagnie a armé des dizaines de paquebots et transporté des millions de passagers sur la ligne Le Havre-New-York ouverte en 1864 . "Le France comptait parmi les plus prestigieux parce que c'était un pur +liner+ avec sa vitesse mais les puristes restent nostalgiques de l'Ile-de-France (1926) ou du France premier du nom (1912) pour la qualité de leur aménagement ou leur histoire", assure Jean-Pierre Olivier, conseiller de l'Association pour un musée maritime et portuaire au Havre. L'essor de l'aviation de ligne a tué les transatlantiques mais, pour la "Transat", la vie ne s'est pas arrêtée avec la fin de cette épopée. Après avoir désarmé le France en 1974, elle a fusionné avec les Messageries maritimes qui exploitaient des lignes avec l'Orient pour se concentrer sur le transport de marchandises sous le nom de Compagnie générale maritime (CGM). Une commerçante installe dans sa vitrine de son magasin au Havre, des souvenirs de la Compagnie Générale Transatlantique, le 9 juin 2005 © AFP En 1995, la CGM était privatisée pour former, avec la Compagnie maritime d'affrètement (CMA), un ensemble qui est devenu le 5ème armateur mondial pour le transport des conteneurs. La CMA-CGM sera d'ailleurs la première compagnie à s'installer début 2006 sur le nouveau terminal à conteneurs du Havre. En marge des festivités, French lines évoquera cette mutation dans une exposition intitulée "une histoire de boîtes", qui retrace les étapes du développement du conteneur, mode de conditionnement des marchandises né aux Etats-Unis dans les années 60, qui a révolutionné le transport maritime.