Visite La "Thatcher allemande" reçue par Chirac et SarkozyAngela Merkel a précisé mardi à Paris les "relations franco-allemandes renouvelées" qu'elle compte mettre en oeuvre si, comme semble l'indiquer son avance dans les sondages, elle est élue en septembre à la chancellerie. Jacques Chirac n'est pas allé jusqu'à poser avec elle sur le perron de l'Elysée mais il a tout de même raccompagné Angela Merkel dans le hall d'entrée de l'Elysée. Pour la chef de l'opposition allemande, c'est une quasi visite officielle mardi à Paris. Il faut dire que la présidente de la CDU a, selon les sondages, toutes les chances de devenir le 18 septembre prochain la première femme à diriger l'Allemagne. Ainsi, même si le président français a su nouer au fil des années une relation d'amitié et de confiance avec Gerhard Schröder, il a voulu recevoir Angela Merkel avec les égards qu'il se doit et s'assurer auprès d'elle de la solidité du couple franco-allemand.Le lien entre les deux pays a été au cœur de leur entretien, selon elle. "Il est incontestable que les relations entre la France et l'Allemagne, quelle que soit l'issue d'un éventuel scrutin, garderont une importance essentielle qui s'explique par la tradition des relations franco-allemandes en Europe et par la tradition dans laquelle j'ai moi-même fait mon éducation politique, qui est la tradition du chancelier Kohl", a-t-elle affirmé.Contre la Turquie dans l'UEMais respecter les traditions ne veut pas dire, pour cette femme de caractère, renoncer à sa vision "rénovée" du couple Paris-Berlin. En effet, les chrétiens-démocrates ont dévoilé la semaine dernière un programme électoral préservant l'axe franco-allemand au sein de l'UE mais prônant une "meilleure intégration" des nouveaux entrants ainsi qu'un rapprochement avec Londres et Washington. La présidente de la CDU ne cache pas en effet son ambition d'améliorer les relations avec les Etats-Unis, mises à mal par l'épisode irakien. A titre personnel, elle avait critiqué la position commune de Jacques Chirac et Gerhard Schröder, opposés à l'intervention américaine.La visite parisienne d'Angela Merkel est observée avec d'autant plus d'attention que ses prises de position révèlent, au sein de la droite, des affinités particulières avec les positions de Nicolas Sarkozy plutôt qu'avec celles du tandem Villepin-Chirac. Ainsi, elle a de nouveau prôné mardi un "partenariat privilégié" avec la Turquie, dans les mêmes termes que le président de l'UMP, refusant une adhésion d'Ankara à l'Union européenne. Angela Merkel a également souvent fait part de sa sympathie personnelle pour le ministre de l'Intérieur qui incarne, comme elle, un libéralisme économique revendiqué et une vision moins sentimentale du couple franco-allemande. Les deux leaders se sont prononcés mardi, après leur rencontre, pour une "refondation" de l'axe franco-allemand. "Ce que nous voulons c'est que cet axe ne soit pas exclusif d'une amitié et d'un travail avec les autres, au premier rang desquels se trouve le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie", a précisé Nicolas Sarkozy, "nous voulons montrer à l'ensemble de nos partenaires que l'amitié entre l'Allemagne et la France est au service de toute l'Europe, et pas contre nos partenaires européens".
