Crise La présidente des Philippines déclare l'état d'urgence Dans une allocution télévisée, vendredi 24 février, Gloria Arroyo, la présidente des Philippines, s'est voulu rassurante. "Le gouvernement a écrasé cette action illicite", a-t-elle déclaré. Quelques heures auparavant, elle venait de décréter l'état d'urgence dans l'ensemble du pays après l'annonce, par l'armée, de l'arrestation de plusieurs haut gradés de l'armée et de la police pour tentative présumée de putsch. "En tant que chef des armées, je contrôle la situation", a-t-elle ajouté. Le général de brigade Danilo Lim, commandant une unité d'élite, ainsi que le colonel Ariel Quevedo, ont été relevés de leurs fonctions et placés en détention. Le commandant des forces d'action spéciales de la police nationale, Narzalino Franco, a également été interpellé, a précisé l'armée dans un communiqué. L'armée philippine avait déjà affirmé mercredi avoir déjoué une tentative de coup d'Etat. Des véhicules armés et des renforts de troupes ont été dépêchés dans les quartiers généraux de l'armée à Manille. La sécurité a également été renforcée sur d'autres bases de l'armée, a-t-on appris de sources militaires. La police anti-émeute se déployait vendredi matin dans Manille, tandis que des conteneurs ont été installés autour du palais présidentiel afin d'en bloquer l'accès. INTERDICTION DE RASSEMBLEMENT DANS LA CAPITALE Au moins huit autres personnes, des militaires et des civils, devaient également être arrêtés vendredi pour implication présumée dans une tentative de putsch, a précisé le chef d'état-major de la présidente, Michael Defensor. Les suspects ont tous participé à une "action armée" contre Mme Arroyo menée par des "membres de l'armée fourvoyés", a affirmé un chef d'état-major. Les commandants de l'armée ont "exprimé leur soutien entier" pour leur hiérarchie, a-t-il assuré, tandis que les soldats ont reçu l'ordre de "se maintenir à distance de toute activité politique et de rester fidèle à la Constitution et à la loi". Plusieurs groupes d'opposition avaient annoncé pour ce vendredi des défilés destinés à marquer le vingtième anniversaire de la "révolte du peuple" qui avait renversé le dictateur Ferdinand Marcos en 1986, voulant profiter de l'événement pour accentuer la pression sur la présidente Arroyo, au centre d'accusations de fraude électorale depuis de longs mois. Mais la police a interdit tout rassemblement dans la capitale peu après qu'environ 500 membres de partis de gauche se furent rassemblés sur une importante artère de la capitale, brandissant des drapeaux rouges. Mme Arroyo a déjà été confrontée à une rébellion militaire en juillet 2003 et à une requête en destitution au Parlement l'an dernier, qu'elle a réussi à déjouer. Les rumeurs de coup d'Etat sont récurrentes aux Philippines, et les autorités annoncent régulièrement avoir déjoué des complots contre le gouvernement.