Annonce La police kirghize déloge des centaines de manifestants de la commission électorale à Bichkek La police anti-émeutes kirghize a délogé, vendredi 17 juin, des centaines de manifestants qui occupaient depuis le matin la commission électorale à Bichkek pour réclamer l'enregistrement d'un homme d'affaires comme candidat à la présidentielle du 10 juillet. Quelque mille représentants des forces de l'ordre, munis de matraques et de boucliers, ont participé à l'opération au siège du gouvernement où est logée la Commission électorale, et dispersé les manifestants sur la place face au bâtiment, établissant un cordon devant ce dernier. Des manifestants, réclamant la démission du président par intérim Kourmanbek Bakiev, jetaient des pierres sur les forces de l'ordre qui les expulsaient. Une session extraordinaire du Parlement, avec la participation de M. Bakiev, a été convoquée pour vendredi, afin d'examiner la situation à Bichkek. Le principal motif de contestation des manifestants était le rejet lundi par la commission électorale de la candidature de l'homme d'affaires Ourmatbek Baryktabassov, en soulignant que celui-ci disposait depuis trois ans de la nationalité kazakhe et n'était plus kirghiz. L'affaire devait être portée vendredi devant un tribunal de Bichkek. La commission électorale avait annoncé que sept candidats étaient officiellement enregistrés pour participer au scrutin présidentiel du 10 juillet. Parmi les candidats, on compte notamment le favori et président kirghiz par intérim Kourmanbek Bakiev, l'ancien ministre de l'intérieur Kenechbek Douïchebaïev, et l'ancien ministre de l'éducation, Gaïcha Ibraguimova. Les incidents de ce type se sont multipliés depuis la révolution populaire qui avait renversé en mars dernier le régime du président Askar Akaïev accusé d'avoir falsifié les résultats des élections législatives. Au début de la semaine, à Och (sud du Kirghizstan), des partisans d'un député local avaient ouvert le feu sur des manifestants protestant contre l'augmentation d'un impôt local, faisant une dizaine de blessés. Le 1er juin d'autres manifestants avaient tenté d'occuper le bâtiment de la Cour suprême kirghize à Bichkek, mais en avaient été empêchés par la police. UNE ÉPOQUE TROUBLÉE Kourmanbek Bakiev a été porté au pouvoir après les événements de mars-avril dernier. Il devrait se présenter à la présidentielle anticipée du 10 juillet. Depuis le coup d'Etat du printemps, l'ex-république soviétique d'Asie centrale vit une époque troublée. En début de semaine, une centaine d'hommes armés de barres de fer ont ainsi donné l'assaut à un hôtel de la ville d'Osh, dans le sud du pays. L'hôtel Alta, situé au centre-ville, appartient à Baaman Erkinbaev, un député qui avait mis en garde la semaine dernière contre des "éléments criminels" qui, selon lui, s'apprêtaient à s'emparer de propriétés privées. Trois jours avant cet incident, un homme d'affaires également élu au Parlement avait été assassiné par balle en pleine rue. Le Kirghizstan, frontalier de la Chine, est en proie à une vague d'instabilité depuis le renversement du président Askar Akaev en mars, à la suite de violentes manifestations organisées pour dénoncer les conditions dans lesquelles s'étaient déroulées les législatives de février et mars.