Annonce La permanence de Didier Julia à Fontainebleau cambriolée Ce cambriolage survient une semaine après que le député eut dénoncé "le vol", dans son bureau de l'Assemblée nationale, de sa correspondance avec Jacques Chirac. La permanence à Fontainebleau (Seine-et-Marne) du député UMP Didier Julia, qui a mené en septembre une mission parallèle pour tenter de libérer les otages en Irak, a été cambriolée dans la nuit de mardi 11 à mercredi 12 janvier mais, selon lui, "la police n'a constaté aucun vol". Les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles, saisis de l'affaire par le parquet de Fontainebleau, ont seulement précisé qu'il y avait eu effraction de la porte de la permanence tout en ajoutant qu'un "simple coup de pied" suffisait à la défoncer. Didier Julia a affirmé que des disquettes avaient été "répandues" sur le bureau de sa permanence et en a déduit "qu'elles ont été consultées". "Cela a beaucoup intéressé les cambrioleurs", a-t-il affirmé sans préciser le contenu des disquettes. Il a ajouté que les enquêteurs allaient vérifier si elles avaient été lues. M. Julia, qui ne s'est pas déplacé à Fontainebleau, a été entendu, à Paris, pendant près d'une heure par les enquêteurs de la PJ de Versailles. Il a déposé plainte auprès d'eux. "VOL" À L'ASSEMBLÉE DE LA CORRESPONDANCE AVEC M. CHIRAC Ce cambriolage survient une semaine après que le député eut dénoncé "le vol", dans son bureau de l'Assemblée nationale, de sa correspondance avec Jacques Chirac et avant sa convocation, fixée au 20 janvier, par le juge d'instruction Jean-Louis Bruguière. Ce dernier veut l'entendre sur la mission parallèle qu'il a effectuée en Irak en septembre dernier. Deux de ses collaborateurs, Philippe Brett et Philippe Evanno, partis avec lui en Irak pour tenter de dénouer la crise des otages, ont d'ores et déjà été mis en examen. Ils sont poursuivis depuis le 29 décembre pour "intelligence avec une puissance ou une organisation étrangère ou avec ses agents de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, notamment à sa diplomatie et à la sauvegarde de sa population", une qualification peu usitée. La semaine dernière, M. Julia avait assuré avoir conservé une copie des lettres au président de la République, dont l'une portant plus précisément sur sa mission en Irak, qui lui ont été "volées" à l'Assemblée nationale. Le député, qui avait préféré porter plainte auprès du secrétaire général de l'Assemblée nationale et non auprès de la police, a assuré que ce double ne se trouvait pas à sa permanence de Fontainebleau. "Je n'y garde rien d'important", a précisé mercredi M. Julia, qui juge l' effraction de sa permanence "bizarre". "La porte a été forcée et tout a été remué dans les tiroirs", a indiqué le député. "Cela ne sert à rien qu'ils aillent voir. Il n'y a pas grand-chose à voler", a également dit M. Julia sans préciser à qui il faisait allusion. La semaine dernière, il avait soupçonné "des barbouzes ou des journalistes" d'avoir vidé son dossier de lettres sur lequel il avait écrit "Jacques Chirac". "J'ai des copies (de cette correspondance) dans plusieurs cabinets d'avocats", a-t-il précisé mercredi. Avec AFP Chronologie de "l'affaire Julia" Le député UMP Didier Julia est au cœur d'une polémique depuis fin septembre liée à l'échec de sa mission parallèle pour libérer les otages français en Irak, Christian Chesnot et Georges Malbrunot. - 28 septembre 2004 : sur la chaîne satellitaire Al-Arabiya, Philippe Brett, qui se présente comme un responsable d'une délégation chargée de négocier la libération des deux journalistes enlevés le 20 août, affirme les avoir rencontrés. Il déclare pouvoir obtenir leur libération. Cet ancien militaire participe depuis début septembre à une mission parallèle menée par le député UMP Didier Julia, un familier du Proche-Orient. Leur action est soutenue logistiquement par le président ivoirien, Laurent Gbagbo, qui met notamment un avion à leur disposition. - 29 septembre : arrivée à Damas de M. Julia. L'Elysée dément officiellement que le président de la République ait confié une mission à des proches du député. - 1er octobre : M. Brett annonce qu'il se trouve avec les otages et laisse entendre que leur libération est imminente. Le soir même et le lendemain, M. Julia multiplie annonces et déclarations contradictoires. - 2 octobre : l'entourage du président Jacques Chirac fait savoir que ce dernier est "inquiet" de l'initiative privée du député et espère qu'elle n'aura pas de conséquences négatives. - 3 octobre : le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, qualifie de "profondément regrettable" la mission de M. Julia. - 5 octobre : le premier ministre Jean-Pierre Raffarin dénonce "l'initiative personnelle" de M. Julia. Le même jour, le ministre des affaires étrangères, Michel Barnier, déclare que les contacts avec les ravisseurs sont rompus depuis le 30 septembre. - 14 octobre : l'un des membres de la mission Julia, Philippe Evanno, affirme que celle-ci se poursuit à Bagdad, ainsi qu'à Damas où il se trouve toujours avec M. Brett. - 21 décembre : libération des deux otages. Le lendemain, de retour à Paris, le journaliste Georges Malbrunot se dit "scandalisé par le comportement de cette personne (Julia)", ajoutant : "Ça ne mérite que le mépris". - 23 décembre : M. Julia déclare que les 4 mois pendant lesquels les otages français ont été détenus "ont été 4 mois d'incompétence du ministre des affaires étrangères", M. Barnier, qu'il qualifie de "ministre complètement nul". - 29 décembre : Philippe Brett et Philippe Evanno sont mis en examen pour "intelligence avec une puissance ou une organisation étrangère (...) de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, notamment à sa diplomatie et à la sauvegarde de sa population". La Côte d'Ivoire est nommément désignée comme la puissance étrangère. Le même jour, ouverture d'une information judiciaire par le parquet de Paris visant Didier Julia. - 6 janvier 2005 : Didier Julia dénonce "le vol" de sa correspondance avec Jacques Chirac dans son bureau de l'Assemblée nationale. - 11-12 janvier : dans la nuit, la permanence du député UMP à Fontainebleau est cambriolée. "Des disquettes ont été sorties et fouillées", affirme M. Julia. - 20 janvier : Didier Julia est convoqué par le juge d'instruction Jean-Louis Bruguière. - (AFP)