Exposition La National Portrait Gallery de Londres fête ses 150 ans en organisant différentes manifestations dont une consacrée au dramaturge et poète de l'universel.Il est le premier. Le plus grand poète des planches de l'univers, Shakespeare. Le plus joué, le plus éblouissant, le plus touchant. Et ici aussi, à la National Portrait Gallery, qui fête cette année ses 150 ans, Shakespeare est devant. Son portrait, connu comme le Chandos portrait, a été le premier à être donné à l'originale institution, en 1856.Rien d'étonnant donc que, parmi les expositions spéciales proposées au public pour célébrer l'anniversaire du musée, ensemble attachant et vivant, l'une soit consacrée à l'écrivain d'Hamlet, du Roi Lear et de bouleversants sonnets. Tarnya Cooper, le commissaire qui l'a conçue l'intitule «Searching for Shakespeare». A la recherche du grand Will car, s'il est le plus illustre, il demeure mystérieux, s'il a fait rêver, si on l'a représenté, peu de portraits sont sûrs et l'on ne sait pas tout, exactement, de sa vie.Examen de six portraitsTout l'intérêt de la proposition de Tarnya Cooper est bien sûr de dépasser le coeur qu'elle s'est fixé : l'examen de six portraits dont on a pu dire qu'ils représentaient Shakespeare, mort en 1616. De nombreux documents précieux accompagnent le parcours. A la fois très scientifique avec la présentation des résultats des analyses menées sur différents tableaux – et très quotidienne, intime – elle est une approche sensible de l'écrivain dont on devine la profondeur et la vulnérabilité.Ainsi les pièces liées à sa vie, contrat de mariage avec Anne Hathaway en novembre 1582, ainsi les bagues qu'il portait, à tête de mort, ainsi des lettres qui lui sont adressées, des premières éditions de ses pièces. Ainsi les documents ou objets qui concernent la vie du théâtre en son temps, des costumes dont la fraîcheur ravit, chapeau, chaussures, bourses, vestiges d'un théâtre retrouvé, éléments provenant des fouilles du site du Globe, des plans, des cartes, des livres bien sûr. Le tout est présenté avec sobriété, dans une lumière agréable. Beaucoup de portraits d'hommes et de femmes du temps. Autres grands poètes, John Donne, notamment. Souverains. Elisabeth Ire. Ses protecteurs. Ceux dont il a raconté la terrible et lamentable histoire, Richard II, l'air asiatique.Est-ce lui ?Mais évidemment on s'attache surtout aux portraits de Shakespeare et on scrute avec passion les regards, les morphologies, se demandant s'il s'agit bien de l'écrivain et si les représentations sont «ressemblantes». Chandos portrait, donc. Haut front bombé très dégagé, nez droit, oeil largement fendu en amande, moustache et barbe courte, lèvre charnue, visage triangulaire. Un anneau doré dans l'oreille gauche et un col simple. Est-ce lui ? Ou bien est-ce plutôt cette image très connue qui accompagne l'édition de ses oeuvres et qui est la plus représentée. Pas de barbe, mais le même haut front très bombé, le même genre de nez très droit, lèvre sensuelle, ovale du visage. Ils ne sont pas éloignés. Mais la vêture est plus noble. Et puis on voit aussi l'effigie du monument de l'église de la Sainte-Trinité de Stratford-sur-Avon. Le plus séduisant est sans doute le Grafton portrait de 1588, peint d'une main anonyme. Rien n'a jamais été formellement établi. Ce portrait a fait rêver. Le jeune homme a 24 ans, c'est indiqué, en 1588. L'âge de William Shakespeare alors. Mais peut-il être si bien vêtu de velours rouge lui qui n'est qu'un comédien...Et que penser du Sanders portrait de 1603, avec sur un visage qui n'est pas sans évoquer les lignes classiques (ovale aigu, haut front, yeux en amande, nez droit, lèvre charnue) et possède ce supplément troublant : une douceur infinie, une tendresse de tout l'être s'exprime là, affleure. Alors on a envie de reconnaître Shakespeare.Un poète est tout entier dans ses mots et n'est-ce pas dans ses pièces, dans ses sonnets si beaux qu'est tout entier William Shakespeare ? «Ne me pleurez pas plus longtemps, quand je serai mort, que vous n'entendrez la lente lugubre cloche, donnant avis au monde que j'ai fui, du monde vil, pour habiter aux vers encore plus vils.» (1). Rien. Il ne reste rien. Que les mots. Il le savait.National Portrait Gallery, Saint Martin's Place (020.73.12.24.63). Tous les jours de 10 heures à 18 heures, jeudi et vendredi jusqu'à 21 heures. Jusqu'au 29 mai. Avec le soutien du Crédit suisse. Rés. : 0 870 013.07.03. ou www.npg.org.uk.Catalogue très riche en textes et illustrations «Searching for Shakespeare» (22,50 livres) et «Insights : Shakespeare and his contemporaries» de Charles Nicholls (9,99 livres).(1) Traduction Pierre Jean Jouve, NRF/Poésie-Gallimard.La National Portrait Gallery de Londres fête ses 150 ans en organisant différentes manifestations dont une consacrée au dramaturge et poète de l'universel.Il est le premier. Le plus grand poète des planches de l'univers, Shakespeare. Le plus joué, le plus éblouissant, le plus touchant. Et ici aussi, à la National Portrait Gallery, qui fête cette année ses 150 ans, Shakespeare est devant. Son portrait, connu comme le Chandos portrait, a été le premier à être donné à l'originale institution, en 1856.Rien d'étonnant donc que, parmi les expositions spéciales proposées au public pour célébrer l'anniversaire du musée, ensemble attachant et vivant, l'une soit consacrée à l'écrivain d'Hamlet, du Roi Lear et de bouleversants sonnets. Tarnya Cooper, le commissaire qui l'a conçue l'intitule «Searching for Shakespeare». A la recherche du grand Will car, s'il est le plus illustre, il demeure mystérieux, s'il a fait rêver, si on l'a représenté, peu de portraits sont sûrs et l'on ne sait pas tout, exactement, de sa vie.Examen de six portraitsTout l'intérêt de la proposition de Tarnya Cooper est bien sûr de dépasser le coeur qu'elle s'est fixé : l'examen de six portraits dont on a pu dire qu'ils représentaient Shakespeare, mort en 1616. De nombreux documents précieux accompagnent le parcours. A la fois très scientifique avec la présentation des résultats des analyses menées sur différents tableaux – et très quotidienne, intime – elle est une approche sensible de l'écrivain dont on devine la profondeur et la vulnérabilité.Ainsi les pièces liées à sa vie, contrat de mariage avec Anne Hathaway en novembre 1582, ainsi les bagues qu'il portait, à tête de mort, ainsi des lettres qui lui sont adressées, des premières éditions de ses pièces. Ainsi les documents ou objets qui concernent la vie du théâtre en son temps, des costumes dont la fraîcheur ravit, chapeau, chaussures, bourses, vestiges d'un théâtre retrouvé, éléments provenant des fouilles du site du Globe, des plans, des cartes, des livres bien sûr. Le tout est présenté avec sobriété, dans une lumière agréable. Beaucoup de portraits d'hommes et de femmes du temps. Autres grands poètes, John Donne, notamment. Souverains. Elisabeth Ire. Ses protecteurs. Ceux dont il a raconté la terrible et lamentable histoire, Richard II, l'air asiatique.Est-ce lui ?Mais évidemment on s'attache surtout aux portraits de Shakespeare et on scrute avec passion les regards, les morphologies, se demandant s'il s'agit bien de l'écrivain et si les représentations sont «ressemblantes». Chandos portrait, donc. Haut front bombé très dégagé, nez droit, oeil largement fendu en amande, moustache et barbe courte, lèvre charnue, visage triangulaire. Un anneau doré dans l'oreille gauche et un col simple. Est-ce lui ? Ou bien est-ce plutôt cette image très connue qui accompagne l'édition de ses oeuvres et qui est la plus représentée. Pas de barbe, mais le même haut front très bombé, le même genre de nez très droit, lèvre sensuelle, ovale du visage. Ils ne sont pas éloignés. Mais la vêture est plus noble. Et puis on voit aussi l'effigie du monument de l'église de la Sainte-Trinité de Stratford-sur-Avon. Le plus séduisant est sans doute le Grafton portrait de 1588, peint d'une main anonyme. Rien n'a jamais été formellement établi. Ce portrait a fait rêver. Le jeune homme a 24 ans, c'est indiqué, en 1588. L'âge de William Shakespeare alors. Mais peut-il être si bien vêtu de velours rouge lui qui n'est qu'un comédien...Et que penser du Sanders portrait de 1603, avec sur un visage qui n'est pas sans évoquer les lignes classiques (ovale aigu, haut front, yeux en amande, nez droit, lèvre charnue) et possède ce supplément troublant : une douceur infinie, une tendresse de tout l'être s'exprime là, affleure. Alors on a envie de reconnaître Shakespeare.Un poète est tout entier dans ses mots et n'est-ce pas dans ses pièces, dans ses sonnets si beaux qu'est tout entier William Shakespeare ? «Ne me pleurez pas plus longtemps, quand je serai mort, que vous n'entendrez la lente lugubre cloche, donnant avis au monde que j'ai fui, du monde vil, pour habiter aux vers encore plus vils.» (1). Rien. Il ne reste rien. Que les mots. Il le savait.National Portrait Gallery, Saint Martin's Place (020.73.12.24.63). Tous les jours de 10 heures à 18 heures, jeudi et vendredi jusqu'à 21 heures. Jusqu'au 29 mai. Avec le soutien du Crédit suisse. Rés. : 0 870 013.07.03. ou www.npg.org.uk.Catalogue très riche en textes et illustrations «Searching for Shakespeare» (22,50 livres) et «Insights : Shakespeare and his contemporaries» de Charles Nicholls (9,99 livres).(1) Traduction Pierre Jean Jouve, NRF/Poésie-Gallimard.La National Portrait Gallery de Londres fête ses 150 ans en organisant différentes manifestations dont une consacrée au dramaturge et poète de l'universel.Il est le premier. Le plus grand poète des planches de l'univers, Shakespeare. Le plus joué, le plus éblouissant, le plus touchant. Et ici aussi, à la National Portrait Gallery, qui fête cette année ses 150 ans, Shakespeare est devant. Son portrait, connu comme le Chandos portrait, a été le premier à être donné à l'originale institution, en 1856.Rien d'étonnant donc que, parmi les expositions spéciales proposées au public pour célébrer l'anniversaire du musée, ensemble attachant et vivant, l'une soit consacrée à l'écrivain d'Hamlet, du Roi Lear et de bouleversants sonnets. Tarnya Cooper, le commissaire qui l'a conçue l'intitule «Searching for Shakespeare». A la recherche du grand Will car, s'il est le plus illustre, il demeure mystérieux, s'il a fait rêver, si on l'a représenté, peu de portraits sont sûrs et l'on ne sait pas tout, exactement, de sa vie.Examen de six portraitsTout l'intérêt de la proposition de Tarnya Cooper est bien sûr de dépasser le coeur qu'elle s'est fixé : l'examen de six portraits dont on a pu dire qu'ils représentaient Shakespeare, mort en 1616. De nombreux documents précieux accompagnent le parcours. A la fois très scientifique avec la présentation des résultats des analyses menées sur différents tableaux – et très quotidienne, intime – elle est une approche sensible de l'écrivain dont on devine la profondeur et la vulnérabilité.Ainsi les pièces liées à sa vie, contrat de mariage avec Anne Hathaway en novembre 1582, ainsi les bagues qu'il portait, à tête de mort, ainsi des lettres qui lui sont adressées, des premières éditions de ses pièces. Ainsi les documents ou objets qui concernent la vie du théâtre en son temps, des costumes dont la fraîcheur ravit, chapeau, chaussures, bourses, vestiges d'un théâtre retrouvé, éléments provenant des fouilles du site du Globe, des plans, des cartes, des livres bien sûr. Le tout est présenté avec sobriété, dans une lumière agréable. Beaucoup de portraits d'hommes et de femmes du temps. Autres grands poètes, John Donne, notamment. Souverains. Elisabeth Ire. Ses protecteurs. Ceux dont il a raconté la terrible et lamentable histoire, Richard II, l'air asiatique.Est-ce lui ?Mais évidemment on s'attache surtout aux portraits de Shakespeare et on scrute avec passion les regards, les morphologies, se demandant s'il s'agit bien de l'écrivain et si les représentations sont «ressemblantes». Chandos portrait, donc. Haut front bombé très dégagé, nez droit, oeil largement fendu en amande, moustache et barbe courte, lèvre charnue, visage triangulaire. Un anneau doré dans l'oreille gauche et un col simple. Est-ce lui ? Ou bien est-ce plutôt cette image très connue qui accompagne l'édition de ses oeuvres et qui est la plus représentée. Pas de barbe, mais le même haut front très bombé, le même genre de nez très droit, lèvre sensuelle, ovale du visage. Ils ne sont pas éloignés. Mais la vêture est plus noble. Et puis on voit aussi l'effigie du monument de l'église de la Sainte-Trinité de Stratford-sur-Avon. Le plus séduisant est sans doute le Grafton portrait de 1588, peint d'une main anonyme. Rien n'a jamais été formellement établi. Ce portrait a fait rêver. Le jeune homme a 24 ans, c'est indiqué, en 1588. L'âge de William Shakespeare alors. Mais peut-il être si bien vêtu de velours rouge lui qui n'est qu'un comédien...Et que penser du Sanders portrait de 1603, avec sur un visage qui n'est pas sans évoquer les lignes classiques (ovale aigu, haut front, yeux en amande, nez droit, lèvre charnue) et possède ce supplément troublant : une douceur infinie, une tendresse de tout l'être s'exprime là, affleure. Alors on a envie de reconnaître Shakespeare.Un poète est tout entier dans ses mots et n'est-ce pas dans ses pièces, dans ses sonnets si beaux qu'est tout entier William Shakespeare ? «Ne me pleurez pas plus longtemps, quand je serai mort, que vous n'entendrez la lente lugubre cloche, donnant avis au monde que j'ai fui, du monde vil, pour habiter aux vers encore plus vils.» (1). Rien. Il ne reste rien. Que les mots. Il le savait.National Portrait Gallery, Saint Martin's Place (020.73.12.24.63). Tous les jours de 10 heures à 18 heures, jeudi et vendredi jusqu'à 21 heures. Jusqu'au 29 mai. Avec le soutien du Crédit suisse. Rés. : 0 870 013.07.03. ou www.npg.org.uk.Catalogue très riche en textes et illustrations «Searching for Shakespeare» (22,50 livres) et «Insights : Shakespeare and his contemporaries» de Charles Nicholls (9,99 livres).(1) Traduction Pierre Jean Jouve, NRF/Poésie-Gallimard.
