Grève La mobilisation contre le CPE commence par une grève surprise à OrlyCette journée de mardi s'annonce comme un test pour Dominique de Villepin et sa politique de l'emploi. Syndicats de salariés, d'étudiants et de lycéens appellent à manifester dans 150 villes de France contre le contrat première embauche (CPE), tandis que l'Assemblée nationale doit commencer l'examen de ce dispositif. Les députés de gauche, soutenus par l'UDF, elle aussi hostile au texte, ont en effet réussi à retarder l'examen de l'amendement créant le CPE, afin qu'il coïncide avec l'appel des syndicats.La journée ne devait entraîner aucune perturbation dans les transports publics, les confédérations syndicales n'ayant pas appelé à la grève, hormis SUD-Rail à la SNCF. En revanche, aucun vol ne sera assuré au départ ou à destination d'Orly jusqu'à 10 heures ce matin, en raison d'une grève des contrôleurs aériens du deuxième aéroport parisien. Une porte-parole d'Aéroports de Paris (ADP) a déclaré avoir "peu d'informations" sur ce débrayage, et a conseillé aux passagers de contacter les compagnies pour savoir si leur vol est assuré. Des sources syndicales expliquent ce mouvement par un "différend" avec la hiérarchie qui a poussé les contrôleurs à "profiter" du préavis national de grève déposé par la CGT-fonctionnaires et la FSU, premier syndicat des enseignants, afin de permettre aux fonctionnaires de participer à la journée de manifestation contre le CPE. SONDAGES DÉFAVORABLES AU CPEPrésenté par le gouvernement comme un contrat "antiprécarité" et un "remède moderne" au chômage des jeunes, le CPE, réservé au moins de 26 ans et débutant par une période d'essai de deux ans, "ouvre la porte au démantèlement du contrat de travail" et à la "précarisation de tous les salariés", selon les syndicats et la gauche. Le mot d'ordre des quelque 150 manifestations prévues est ainsi "Retrait du CPE !". A Paris, le défilé partira à 14 heures de la place de la Bastille pour rejoindre Richelieu-Drouot. Alors qu'une majorité de Français a semblé retenir dans un premier temps que le CPE pourrait faire baisser le chômage des jeunes, l'opinion publique paraît désormais sensible aux arguments des syndicats. Selon un sondage CSA pour L'Humanité, 54 % des Français pensent qu'il sera mauvais pour les salariés. Un autre sondage, réalisé par BVA pour BFM et Les Echos, indique que 60 % des Français estiment que ce contrat va augmenter la précarité des jeunes. Et une nette majorité d'entre eux (67 %) considère la mobilisation de mardi "justifiée".La principale inconnue reste l'ampleur de la mobilisation. Coincés entre partiels et vacances scolaires, les syndicats étudiants et lycéens ont multiplié les assemblées générales pour tenter de rassembler des jeunes parfois résignés. En 1994, "il a fallu plusieurs semaines pour parvenir à mobiliser contre le CIP [surnommé le smic-jeunes] et le retrait du texte est intervenu deux mois et demi après le vote à l'Assemblée", prévient le président de l'UNEF, Bruno Julliard, dans un entretien aux Echos. Quant aux syndicats de salariés, qui ont réuni entre 500 000 et 1 million de manifestants lors de la dernière mobilisation interprofessionnelle du 4 octobre 2005, ils se gardent d'afficher un quelconque objectif. "Le 7 février n'est qu'une étape", a annoncé le numéro un de la CGT, Bernard Thibault.
