Annonce La ministre de la défense demande une enquête sur le premier désamiantage du "Clemenceau" La ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, a annoncé, mardi 14 février, avoir saisi la justice dans l'affaire du Clemenceau et demandé une enquête sur des "présomptions d'irrégularités" de la part de la société Technopure, la première qui fut chargée de désamianter le porte-avion, à Toulon. "J'ai saisi le procureur de la République de Marseille afin qu'une enquête soit ordonnée sur deux points : l'écart constaté entre le poids de l'amiante que Technopure dit avoir retiré du Clemenceau, et le poids pesé par le centre d'enfouissement – c'est les trente tonnes d'écart qu'il y a – et d'autre part la disparition d'un certain nombre d'équipements de bord composés de différents autres métaux non ferreux", a affirmé Mme Alliot-Marie, sur Europe 1. "INSUFFISANCES ET MANQUEMENTS" La ministre a demandé au procureur de donner à son enquête "les suites judiciaires nécessaires". "Je commence à en avoir un petit peu assez d'entendre le patron de Technopure s'exprimer pour semer le doute ou faire pression sur différentes autorités", a-t-elle ajouté, rappelant que cette société avait été "écartée du chantier pour des insuffisances et des manquements, notamment à l'information". "J'ai ordonné récemment une enquête qui a été confiée au contrôle général des armées. Ces conclusions font apparaître de la part de la société Technopure (...) des présomptions d'irrégularités qu'il appartiendra éventuellement à la justice de confirmer", a affirmé Mme Alliot-Marie. Et d'indiquer que Technopure "a refusé de nous remettre un certain nombre de documents qui nous permettent de comparer ce qu'elle nous a dit avoir retiré du Clemenceau et le poids pesé dans le centre d'enfouissement". "Plus que serein", Jean-Claude Giannino, gérant de Technopure, a répliqué sur la même radio qu'il attend "que la vérité éclate pour voir qui a menti dans cette affaire". Interrogé sur les 30 tonnes d'amiante qui auraient été retirées du Clemenceau et seraient introuvables, il a répliqué : "Encore faudrait-il que [ces trente tonnes] aient existé.". Il a affirmé que "Technopure a levé 70 tonnes d'amiante sur le Clemenceau. Preuves à l'appui (...) qu'on mettra à disposition et qui seront facilement vérifiables". Il a assuré que selon "des experts reconnus", "il y a 760 tonnes d'amiante à bord" du Clemenceau. "ENTIÈRE CONFIANCE" À LA COUR SUPRÊME INDIENNE Revenant sur la décision de la Cour suprême indienne, lundi, de nommer une nouvelle commission d'experts pour évaluer si le porte-avion français peut entrer dans les eaux territoriales du pays pour y être désaminanté, Mme Alliot-Marie a estimé que le but était d'"avoir un certain nombre de militaires dans la commission d'expertise (...) parce qu'il y a de grandes différences entre les navires civils et les navires militaires". "Je fais entièrement confiance à la Cour suprême indienne, je ne veux pas entrer dans les polémiques sur les quantités" d'amiante restant à bord du Clemenceau, mais "lorsque la cour aura rendu sa décision, je ne manquerai pas de rétablir toute la vérité", a également affirmé Mme Alliot-Marie. La journée de lundi a été marquée par une autre mauvaise nouvelle pour les partisans du désamiantage du Clemenceau en Inde : en France, le commissaire du gouvernement a recommandé au Conseil d'Etat, saisi de plusieurs requêtes, de suspendre le transfert du navire vers l'Inde. Un avis que le Conseil d'Etat pourrait bien décider de suivre.