Procès La «maison du chaos» restera debout La propriété est un chantier en permanente évolution pour lequel Thierry Ehrmann a fait appel à de nombreux artistes. Le propriétaire est condamné à 200 000 euros d'amende mais échappe à la restitution en l'état.LE LIEU est devenu au fil des mois un but de promenade dominicale dans les rue de Saint-Romain-au-Mont-d'Or. Ce petit village paisible de l'Ouest lyonnais aux maisons bourgeoises en pierre dorée subit les contrecoups du 11 septembre 2001 depuis que l'un de ses habitants, Thierry Ehrmann, PDG du groupe Serveur qui gère le site artprice.com, a entrepris de transformer sa propriété d'un hectare en «demeure du chaos».307e fortune de FranceRégulièrement ouverte au public par son propriétaire, elle le sera ce week-end, profitant des journées du patrimoine et de la publicité faite par la polémique. Au début, des salamandres peintes sur les pierres de l'ancien relais de poste du XVIIe siècle, puis une oeuvre monumentale apocalyptique rappelant Ground Zero et englobant tout le domaine : portraits de Ben Laden ou du cheikh Zarkaoui peints sur les murs, météorites, cratères et coulées de béton, murs noircis pour imiter la carbonisation. La propriété est un chantier en permanente évolution pour lequel Thierry Ehrmann a fait appel à de nombreux artistes. Quelque 2 500 oeuvres en tout, selon lui, mais une oeuvre unique pour ses opposants qui mettent en avant la nécessité d'une autorisation de travaux.Le propriétaire du domaine a été condamné hier par la cour d'appel de Lyon à payer 200 000 euros d'amende, montant alourdi par rapport à la première instance. Le ministère public n'avait requis aucun montant, faisant valoir que l'argument financier n'était pas un obstacle pour Thierry Ehrmann, qui a bâti la 307e fortune de France (selon le magazine Challenges) grâce au Minitel rose.C'est une demi-victoire pour le maire de Saint-Romain qui réclamait également, au nom du non-respect des règles d'urbanisme, la remise en état initial des parties visibles depuis la voie publique. Ce qu'avait requis l'avocat général, mais qui n'a pas été retenu par la cour d'appel contrairement au premier jugement.«La mise en conformité des lieux ou des ouvrages, ou leur démolition (...) sont facultatives», «les juges apprécient souverainement de les ordonner ou non», rappelle l'arrêt. Avant de considérer qu'une procédure de demande de classement de la propriété est en cours au ministère de la Culture, mais aussi que les travaux qui avaient commencé en 1999 «ont pu être exécutés pendant plusieurs années sans réaction des autorités» pour ne pas prononcer la restitution en l'état.Le maire de Saint-Romain avait porté plainte en 2004. «Que devient la loi si ce qui est interdit pour certains est autorisé pour d'autres ?» s'est interrogé Pierre Dumont. Quant à Thierry Ehrmann, il a estimé, grâce à la préservation du site, «avoir remporté une victoire sur l'obscurantisme».
