Exposition La légende de Lennon à la Cité de la musique Musicien de génie, apôtre de la paix et artiste attiré par l'avant-garde, la Cité de la musique à Paris explore les mille facettes de la vie de John Lennon, à travers une exposition exceptionnelle, "John Lennon-Unfinished Music". Ouverte depuis jeudi 20 octobre et ce jusqu'au 25 juin, elle coïncide avec le 65e anniversaire de la naissance de l'ex-Beatle, le 9 octobre 1940 à Liverpool, et le 25e anniversaire de son assassinat, le 8 décembre 1980 à New York. Outre son intérêt socio-historique, l'exposition prend une couleur intime et émouvante grâce à la présence d'objets personnels de Lennon, dont la plupart ont été prêtés par Yoko Ono. Farouche gardienne du temple, honnie par nombre de fans des Beatles qui lui reprochent la séparation du groupe et estiment qu'elle exploite le mythe Lennon, elle s'est rendue en personne au vernissage mercredi. "L'idée n'était pas de présenter seulement un musicien, mais toute une ambiance, une époque, une histoire", explique Grazia Quaroni, l'une des deux commissaires de cette exposition. Découpée en treize séquences thématiques et chronologiques, l'exposition occupe 900 m2 et bénéficie d'une scénographie très travaillée. Chaque décennie est matérialisée par une porte qui en retrace le contexte historique et social. Au sous-sol, les visiteurs investissent l'enfance de Lennon et la carrière des Beatles tandis qu'à l'étage au-dessus, son attirance pour l'art contemporain et son parcours commun avec Yoko Ono sont mis en évidence. "LA GUERRE EST FINIE, SI VOUS LE VOULEZ" Au fil de l'exposition, on aperçoit un bulletin de classe qui souligne déjà l'esprit sarcastique et surréaliste de Lennon ("Mauvais résultats dus au fait qu'il passe son temps à inventer des remarques spirituelles"), des manuscrits de chansons (In my life ou Working class hero), son piano droit Steinway ou le costume qu'il portait pour chanter All you need is love avec les Beatles, lors d'une émission télévisée dans le monde entier en 1967. Moment d'extase pour les fans, qui peuvent s'imaginer dans la peau du producteur des Beatles, George Martin, l'exposition recrée à l'identique la cabine de contrôle des studios d'Abbey Road. La partie Beatles n'est pas la plus étoffée. L'exposition insiste davantage sur le parcours personnel, artistique et idéologique de Lennon après sa rencontre avec Yoko Ono en 1966 : reproductions d'œuvres proches du mouvement avant-gardiste Fluxus, salle consacrée à l'album"Imagine" (1971) ou aux "bed-in" d'Amsterdam et Montréal en 1969, affiches qui rappellent son engagement (la campagne de 1969 "La guerre est finie, si vous le voulez")... L'exposition, agrémentée de nombreux documents sonores, prend fin dans une pièce blanche consacrée au 8 décembre 1980, où est projeté le court-métrage du cinéaste français Raymond Depardon Dix minutes de silence pour John Lennon. Depardon avait alors filmé un rassemblement à Central Park en hommage à Lennon, une semaine après sa mort : des jeunes en pleurs sur fond d'utopies perdues, à l'orée des années 80, baptisées les "années fric".