Annonce La justice se penche sur les essais nucléaires français Une information judiciaire a été ouverte sur les conséquences sanitaires des essais nucléaires français menés entre 1960 et 1996. Le ministère de la Défense se dit "totalement déterminé" à apporter son concours à la justice. Huit ans après la fin des essais nucléaires français dans le Pacifique, deux juges d'instruction parisiens ont été désignés pour enquêter sur les conséquences pour la santé du personnel civil et militaire des essais menés entre 1960 et 1996. Les juges Anne Auclair-Rabinovitch et Anne-Marie Bellot, du pôle santé du tribunal de Paris, ont été saisis le 20 septembre d'une information judiciaire contre X pour "homicide involontaire" et "atteinte involontaire à l'intégrité physique". Les deux magistrats devront se pencher sur les pathologies cancéreuses observées chez certains vétérans des essais nucléaires, afin de tenter de mettre au jour un éventuel lien entre ces maladies et les radiations atomiques. Le ministère de la Défense a indiqué jeudi qu'il prenait acte, se déclarant "totalement déterminé à apporter son concours" à la justice et "à favoriser sans réserve la manifestation de la vérité".En novembre 2003, onze personnes et deux associations - l'Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN) et l'Association polynésienne Moruroa e Tatou - avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile, ce qui débouche quasi automatiquement sur l'ouverture d'une information judiciaire. La plainte qui avait reçu l'appui des Verts et du PCF visait à "rechercher des preuves et identifier les responsables", selon Me Laurence Chevé, l'une des avocates des plaignants. "Le but n'est pas de remettre en cause la politique nucléaire de la France", assure l'avocate. Un taux anormal de cancersSelon les plaignants, des cancers et autres décès prématurés observés à un taux anormalement élevé, sont dus à l'exposition aux radiations des essais. Ils dénoncent notamment "l'absence de protection lors des essais auxquels les personnels assistaient en short". "Le but de notre démarche est, à terme, d'obtenir la création, comme cela s'est fait aux Etats-Unis, d'un fonds d'indemnisation pour les vétérans des essais nucléaires, sachant qu'il faudra d'abord apporter des preuves des expositions aux radiations", indique également Me Chevé.Pour sa part, le parquet a demandé la recevabilité de neuf des onze plaignants et a soulevé la question de l'irrecevabilité des deux associations, car elles ne sont pas constituées depuis plus de cinq ans. Parallèlement à cette procédure pénale, d'autres actions judiciaires sont en cours devant le tribunal des pensions militaires et le tribunal des affaires de sécurité sociale. En outre, quatre autres plaignants se sont joints en juillet à la plainte initiale, mais le parquet ne s'est pas encore prononcé sur leur cas. Les plaignants ont soit été présents sur les sites de ces essais menés par l'armée française au Sahara algérien (dans les années 1960), puis en Polynésie, soit perdu un proche d'une maladie qu'ils attribuent aux essais.
