Annonce La justice israélienne modifie le tracé du "mur" Fait sans précédent, l'instance judiciaire israélienne suprême a ordonné à l'armée, à la demande de huit villages palestiniens, de modifier le tracé de la barrière de sécurité en Cisjordanie. La Cour suprême d'Israël a ordonné mercredi de modifier une partie du tracé de la barrière de séparation construit par Israël en Cisjordanie afin de préserver les droits de Palestiniens qui sont lésés, le ministère de la Défense annonçant qu'il respecterait cet arrêt. Cette décision sans précédent a été rendue à la suite d'un recours présenté par les conseils municipaux de huit villages palestiniens affectés par la barrière au nord-ouest de Jérusalem. Le tracé doit être modifié sur près d'une trentaine de kilomètres car il porte un grave préjudice à quelque 35.000 Palestiniens, a estimé dans son arrêt la Cour présidée par le juge Aharon Barak. Il a estimé qu'il est possible de définir un tracé de la barrière, qui s'enfonce en Cisjordanie occupée, assurant un peu moins de sécurité à Israël et davantage de justice pour les Palestiniens. "La marge supplémentaire de sécurité obtenue par le tracé actuel de la barrière n'est pas égale aux atteintes aux droits et intérêts des habitants" palestiniens du secteur, affirme-t-il. "Les critères sécuritaires pris en considération sont disproportionnés par rapport aux nécessités humanitaires, et la Cour ordonne au commandant de l'armée israélienne de réduire les atteintes aux droits des habitants en reconsidérant le tracé de la barrière dans les secteurs en question, même s'il ne peut pas totalement le modifier", dit encore cet arrêt de 50 pages. L'armée obtempère Les travaux de construction de la barrière sur ce segment avaient été interrompus en vertu d'un précédent arrêt, provisoire, de la Cour. Le nouvel arrêt demande aussi qu'une partie de la barrière déjà construite soit démantelée, mais ne se prononce pas sur le principe proprement dit de la légitimité de sa construction. Le ministère israélien de la Défense a affirmé qu'il se conformerait à la décision de la Cour. En Israël, l'arrêt a été critiqué par la droite au pouvoir et salué par l'opposition de gauche. "Le meurtre de femmes et d'enfants en Israël est plus important à mes yeux qu'une certaine atteinte à la qualité de vie des Palestiniens" a déclaré à la radio publique le ministre de la Santé Dany Naveh, du Likoud, la formation du Premier ministre Ariel Sharon. Pour contourner l'arrêt de la Cour, le ministre estime que "le gouvernement se doit de promulguer une loi d'urgence qui permettra de poursuivre sans retard la construction de la barrière". "La Cour est le dernier rempart devant un gouvernement sans retenue qui voulait prendre des mesures illégales", a pour sa part déclaré le député d'opposition de gauche Zehava Gal-On.