Annonce La junte militaire birmane a déclaré mardi qu'elle convoquait le 17 mai une convention nationale pour rédiger une constitution dans l'optique d'une démocratisation, une annonce qui laisse entrevoir une libération prochaine de l'opposante Aung San Suu Kyi. Une précédente convention nationale avait été lancée en 1993 avant d'échouer en 1995, l'opposition dirigée par Aung San Suu Kyi en ayant claqué la porte après avoir estimé qu'elle était non représentative. L'annonce d'une convocation de la convention nationale était très attendue par les analystes qui guettaient un signe de la volonté du régime birman de mettre en oeuvre des réformes politiques et n'avaient d'ailleurs pas prévu une échéance aussi rapprochée, mais plutôt tablé sur juillet ou août. Vers des élections Il va falloir désormais connaître les conditions dans lesquelles elle est organisée. Sous la pression internationale, la Birmanie avait présenté en août 2003 une "feuille de route" vers une démocratisation en sept points qui avait été accueillie fraîchement par les capitales occidentales, mais sur laquelle ses voisins asiatiques et l'ONU l'avaient encouragée à travailler. La première étape en est la réunion d'une convention nationale — devant à priori rassembler gouvernement, opposition et minorités ethniques — et la dernière des élections "libres et justes", à une date non précisée. La junte s'est gardée de préciser mardi qui serait convié à cette convention à laquelle a le Premier ministre, le général Khin Nyunt, a tenté de donner une crédibilité. Elle avait fait savoir ces derniers mois que les minorités ethniques du pays y seraient conviées et a mené en ce sens avec celles-ci de longues tractations, qui se poursuivent. Elle avait également indiqué de manière évasive que la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi pourrait participer à la convention nationale. Tractations discrètes Une convention sans Mme Suu Kyi, dirigeante et égérie de l'opposition depuis 1988, n'aurait aucune crédibilité. Mais Mme Suu Kyi, arrêtée le 30 mai 2003 à la suite d'une embuscade meurtrière contre un convoi de la LND dans lequel elle se trouvait, est toujours en résidence surveillée. Elle ne peut à l'évidence participer à une convention tant qu'elle n'a pas recouvré la liberté et pu consulter les autres membres de la direction de la LND, dont ses trois adjoints, également en résidence surveillée. L'annonce de la date du 17 mai va donner du poids aux rumeurs qui circulent à Rangoun sur une libération prochaine du prix Nobel de la paix. Confinée chez elle, Mme Suu Kyi n'en a pas moins mené des discussions discrètes mais régulières avec des représentants du régime sur le processus de démocratisation et les conditions de son éventuelle participation à la convention.