Manifestation La journée de boycott et de protestation des immigrants aux Etats-Unis a connu un succès mitigéDes centaines de milliers de personnes ont participé, lundi 1er mai, à travers les Etats-Unis à une "journée sans immigrés", combinant boycott de toute activité et manifestations massives pour démontrer que sans eux, légaux ou clandestins, le pays cale.Un projet de loi voté en décembre 2005 par la Chambre des représentants et criminalisant l'immigration clandestine, jusqu'ici considérée comme une simple infraction, a fait descendre dans la rue des centaines de milliers de Latinos qui se contentaient jusqu'ici de vivre et travailler dans l'ombre, dans la crainte d'être expulsés. Les Hispaniques, première minorité aux Etats-Unis avec plus de 40 millions de personnes et plus de 8 % de l'électorat, entendent faire pression sur le Congrès pour obtenir une réforme de l'immigration et la régularisation des 11 à 12 millions de sans-papiers installés dans le pays.Trois semaines après la mobilisation de centaines de milliers de personnes qui avaient défilé dans plus de 130 villes américaines, cette nouvelle initiative a bénéficié d'une couverture médiatique massive, les journaux du soir à la télévision commençant tous par les images de manifestations. Sur la Côte ouest, une marée humaine, évaluée entre 500 000 et 600 000 personnes par les médias locaux citant la police, a envahi les rues de la deuxième ville du pays, Los Angeles. Plus de 70 000 élèves, soit 27 % de la population scolaire de la ville, ont séché les cours lundi. Les manifestants ont reçu le soutien de stars de Hollywood d'origine latino-américaine, telle l'actrice Salma Hayek."ILS SONT PRIVÉS DE LEURS DROITS""Ils travaillent dur, ils dépensent beaucoup d'argent ici, ils paient leurs impôts, ils paient leur loyer, ils paient pour notre nourriture, comme tout le monde, mais ils sont privés de leurs droits", a dénoncé une manifestante de 62 ans, Maria Flores, arrivée de Mexico en 1960.Ailleurs dans l'Ouest, à Denver (Colorado), 75 000 personnes ont défilé, selon la police de la ville, autour du slogan "Nous sommes l'Amérique". Des milliers de personnes ont manifesté à San Diego, dans le sud de la Californie, frontalière avec le Mexique, mais aussi au cœur de la région des vins, autour de San Francisco ou de San José, dans la Silicon Valley.Dans le nord du pays, à Chicago, plus de 400 000 personnes, agitant des drapeaux des Etats-Unis et des pays d'Amérique latine, ont défilé en scandant au son des tambours le cri de ralliement du mouvement depuis plusieurs mois : "Si, se puede" ("Oui, c'est possible"). Selon les autorités, entre 20 et 30 % des élèves et étudiants de la ville ont boycotté les cours. A New York, plusieurs chaînes humaines ont été organisées, et des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées en fin d'après-midi. A Orlando (Floride), 20 000 personnes ont manifesté sous le regard de quelques contre-manifestants qui leur ont suggéré de "défiler jusqu'à rentrer au Mexique". "Qui va ramasser vos tomates ? Qui va construire vos maisons ?", semblait répondre une banderole dans un cortège à Homestead, au sud de Miami.BOYCOTT INÉGALFace au succès évident des manifestations, les conséquences du boycott étaient plus difficile à mesurer. A Chicago et à Los Angeles, nombre de petits commerces sont restés fermés, mais dans le quartier latino populaire de New York surnommé la "petite Colombie", beaucoup de magasins étaient ouverts. Les alentours du port de Los Angeles, deuxième port américain, sont restés étrangement silencieux, en raison du mouvement bien suivi chez les routiers, ce qui représentait une baisse de 30 % des livraisons au port. Mais le boycott n'a pas affecté les activités maritimes elles-mêmes. Le groupe viticole californien Gallo a dû fermer certains de ses sites.Le 1er mai n'étant pas férié aux Etats-Unis, le boycott n'a pas fait l'unanimité. Certains craignaient un retour de bâton et le licenciement d'employés sans papiers en position précaire. Dans les secteurs où travaillent les Hispaniques – la construction, la restauration, la distribution et l'agriculture –, les entreprises s'étaient organisées pour faire face, certains grands groupes comme McDonald's diffusant même des communiqués de soutien au mouvement.
