Scandale La France compromise dans le scandale onusienNations unies La commission indépendante sur le scandale «Pétrole contre nourriture» a rendu hier son rapport final.L'ANCIEN AMBASSADEUR DE FRANCE à l'ONU Jean-Bernard Mérimée, les hommes politiques Charles Pasqua et Bernard Guillet, la BNP Paribas... Tous ont droit à leurs têtes de chapitre dans le rapport final sur les manquements du programme «Pétrole contre nourriture» que la commission indépendante présidée par l'Américain Paul Volcker a présenté hier à New York. Selon les voeux du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, l'ex-président de la Réserve fédérale américaine avait, il y a un an et demi, commencé son enquête par les dysfonctionnements onusiens de la gestion du programme, avant d'examiner les manipulations menées par Saddam Hussein et impliquant des personnes étrangères à l'ONU.Le programme onusien «Pétrole contre nourriture», qui a fonctionné entre 1996 et 2003, avait pour but d'atténuer l'effet des sanctions économiques contre l'Irak en permettant à Bagdad de vendre du pétrole et d'acheter en échange des biens de consommation courante. Il a aussi permis à Saddam Hussein de recevoir 1,8 milliard de dollars en commissions et pots-de-vin. Le dernier volet de l'enquête détaille comment des entreprises et des personnalités de plusieurs pays ont contribué sciemment ou non à pervertir le système. Des 4 500 sociétés ayant participé au programme, plus de la moitié d'entre elles ont payé des dessous-de-table au régime de Saddam Hussein, parmi lesquelles des grands noms européens comme DaimlerChrysler AG, Siemens ou Volvo.Les enquêteurs soulignent le traitement de faveur dont ont bénéficié les sociétés françaises : «Le gouvernement irakien a suivi une politique favorisant ouvertement les entreprises et les individus basés en France, dans la distribution de ses allocations de pétrole.» La raison en était que la France était «perçue comme amie de l'Irak parce qu'elle soutenait la levée des sanctions».Des commissions sur les barils de pétroleEn 2000, le gouvernement irakien a commencé à imposer des commissions sur ses barils de pétrole. Les grandes entreprises ont d'abord traîné les pieds. Des sociétés écrans se sont mises en place. La BNP, qui gérait le compte des Nations unies, «était en position d'avoir des informations de première main, ne s'est pas sentie une responsabilité particulière à informer adéquatement les Nations unies».Parmi les particuliers mis en cause, le rapport affirme que Jean-Bernard Mérimée aurait reçu un bon d'achat ouvrant droit à l'importation de six millions de barils, dont il aurait tiré profit du tiers. Bernard Guillet, l'ancien adjoint de Charles Pasqua, aurait assuré la vente de pétrole alloué à l'ancien ministre et reçu pour cela 234 000 dollars. La commission rappelle que le régime de Saddam Hussein a généré par ailleurs bien plus de revenus en vendant du pétrole en contrebande (11 milliards de dollars) en dehors du programme onusien, à comparer au 1,8 milliard de dollars de surfacturation et pots-de-vin dans le cadre de «Pétrole contre nourriture». Au-delà des noms cités, a-t-il insisté, le rapport vient à nouveau rappeler la nécessité de réformer l'ONU.
