Annonce La France accueillera le réacteur nucléaire expérimental ITER Après des années de bras de fer, au sein de l'Europe, puis avec le Japon, les partenaires du projet ITER ont signé, mardi 28 juin à Moscou, une déclaration commune par laquelle ils choisissent le site français de Cadarache pour accueillir le réacteur expérimental de fusion nucléaire. Le président Jacques Chirac s'est "félicité"  de cette décision et a annoncé qu'il se rendrait, jeudi, sur le site. Il a remercié la Commission européenne et les membres de l'Union européenne "pour leur soutien sans faille dans la négociation", ainsi que "la Russie et la Chine qui, dès l'origine, ont soutenu la candidature de Cadarache". Il a également adressé "un message de remerciements au premier ministre du Japon, Junichiro Koizumi, pour l'esprit de dialogue et de confiance mutuelle qui a prévalu tout au long des discussions et a ainsi permis d'atteindre un consensus international pour le choix du site d'accueil d'ITER". Le Japon s'est également déclaré satisfait de cette décision car il a su "préserver ses intérêts nationaux" malgré la décision de construire le réacteur expérimental de fusion nucléaire ITER en France, a affirmé le ministre nippon des sciences, Nariaki Nakayama, dans un communiqué. Pratiquement jusqu'au dernier jour, le Japon s'est battu bec et ongles pour défendre le site de Rokkasho-mura, dans le nord de l'Archipel, mais le gouvernement japonais a laissé entendre la semaine dernière qu'il allait retirer sa candidature.En vertu d'un "accord technique" signé entre l'UE et le Japon, le 5 mai à Genève, le "pays hôte" assumera 50 % des coûts de construction du réacteur, estimés à 4,2 milliards d'euros, tandis que le pays "non hôte" n'en financera que 10 % et obtiendra la direction de la gestion d'ITER. UN PROCESSUS LOIN D'ÊTRE MAÎTRISÉ Le bras de fer entre Européens et Japonais avait été précédé d'une vive compétition pour une candidature unique de l'UE, qui avait opposé l'Espagne et la France avant que Madrid ne retire définitivement sa candidature fin 2003. Promesse d'obtenir un jour une énergie propre et illimitée pour les uns, délire technologique qui va avaler quelque 10 milliards d'euros sur trente ans pour ses adversaires, ITER abritera pendant plusieurs décennies un programme international de recherche sur la fusion nucléaire contrôlée. Solution de rechange à la fission nucléaire utilisée dans les centrales actuelles pour produire de l'énergie, la fusion thermonucléaire contrôlée a l'ambition de reproduire ce qui se passe au cœur du Soleil. Pendant des années, les scientifiques ont tenté sans succès jusqu'ici d'obtenir ce processus par lequel les noyaux de deux atomes de deutérium (isotope lourd de l'hydrogène) se fondent pour former du tritium (autre isotope, léger celui-ci, de l'hydrogène), en dégageant une grande quantité d'énergie. Malgré plus de trente ans d'efforts, ce processus est loin d'être maîtrisé, et il faudra plusieurs décennies d'expériences avant de déboucher sur une production commerciale d'électricité.