Élection La droite polonaise emporte une victoire attendue aux élections législativesLa Pologne a basculé à droite, à la faveur des élections législatives remportées, dimanche 25 septembre, par le parti conservateur Droit et Justice (PiS) devant les libéraux de la Plateforme civique (PO). Les catholiques conservateurs de PiS ont obtenu environ 28 % des voix et les libéraux de 24 % à 26 %, selon des sondages sortie des urnes effectués lors de cette consultation marquée par une très forte abstention de plus de 60 % des électeurs.Malgré d'importantes divergences de programme, les conservateurs et les libéraux avaient annoncé avant même le scrutin qu'ils constitueraient ensemble une coalition gouvernementale. Les deux partis devraient disposer d'une majorité confortable à la Diète (chambre basse) de plus de 300 sièges sur 460.Discrédité par de nombreux scandales de corruption et d'abus de pouvoir, le parti social-démocrate SLD (post-communiste), largement victorieux des législatives précédentes de 2001 avec plus de 41 % des voix, n'a obtenu que 11 % des suffrages.La gauche affichait pourtant à son bilan une adhésion réussie à l'Union européenne en 2004 et une nette reprise de la croissance et des investissements. La Pologne souffre cependant encore d'un très fort chômage (17,8 % de la population, soit le taux le plus élevé de l'UE).La quatrième place devrait revenir à l'inclassable parti populiste Samoobrona avec un peu plus de 10 % des suffrages. Il dépasse de peu l'ultra-catholique et nationaliste Ligue des familles polonaises (LPR), créditée de 8 % à 10,5 % des voix. Le parti paysan PSL obtient un peu moins de 6 %.Les autres partis n'ont pas franchi le seuil d'éligibilité de 5 %. Le Parti démocrate du premier ministre sortant, Marek Belka, et de l'ancien chef de gouvernement, Tadeusz Mazowiecki, a obtenu moins de 3 %.L'ÉGLISE EST RESTÉE À L'ÉCART DU SCRUTINThéoriquement c'est au PiS que doit revenir le poste de premier ministre. Le candidat logique est le président du parti Jaroslaw Kaczynski. Jan Rokita, candidat de PO pour ce même poste, a souhaité, en votant dimanche à Cracovie, que le nom du futur chef de l'exécutif soit annoncé dès le résultat du scrutin.Mais ce n'est pas l'avis de Lech Kaczynski, frère jumeau de Jaroslaw et candidat à la présidence de la République dans quinze jours. "Il ne faut pas que la formation du gouvernement devienne un élément de la campagne présidentielle", a-t-il affirmé devant la presse, apparemment soucieux de préserver ses chances face au candidat libéral Donald Tusk. Une désignation immédiate de Jaroslaw lui nuirait forcément. Les deux jumeaux reconnaissent eux-mêmes que les Polonais ne sont pas prêts à les voir occuper les deux principales fonctions de l'Etat.PiS est plutôt eurosceptique, méfiant vis à vis de l'Allemagne et de la Russie. Il représente en politique une droite chrétienne-démocrate et conservatrice. Mais sur le plan social et économique, il a paradoxalement un programme marqué à gauche : avantages fiscaux et aides de l'Etat aux familles nombreuses et aux défavorisés, interventionnisme de l'Etat dans l'économie, pas de secteur privé dans la sécurité sociale et les soins médicaux.Les libéraux de PO ont fait campagne sur une réforme fiscale radicale afin de stimuler l'économie. Ils prévoyaient d'instaurer un taux unique de 15 % tant pour l'imposition sur le revenu et sur les sociétés que pour la TVA.PO se dit pro-européenne mais décidée à défendre avec fermeté les intérêts polonais.La puissante Eglise polonaise a choisi cette année de rester à l'écart du scrutin. Elle a appelé les chrétiens à remplir leurs devoirs civiques, tout en rappelant les principes de référence que devrait respecter un électeur catholique : le respect de la vie dès sa conception et jusqu'à la mort naturelle, le respect de la dignité humaine et de la famille. Mais dans les derniers jours précédant le vote de dimanche, les catholiques intégristes regroupés autour de la station radicale Radio Maryja ont fait une campagne intense contre la Plateforme civique.
