Accuser La direction d'AIG et son ex-PDG accusés d'avoir truqué les comptes de l'entrepriseEliot Spitzer, ministre de la justice de l'Etat de New York, a lancé, jeudi 26 avril, une plainte au civil à l'encontre de l'assureur américain AIG et de son ex-PDG, Hank Greenberg, accusé d'avoir truqué les comptes et sciemment trompé les investisseurs, à l'issue d'une enquête entamée le 14 février 2005."Le groupe a manipulé ses livres de comptes dans l'intention de tromper les autorités de régulation et les investisseurs", ce "dans le but de faire gonfler le cours de Bourse", écrit M. Spitzer, qui réclame des dédommagements, mais sans en préciser le montant, et le remboursement des bénéfices tirés des "transactions illégales".Le montant des malversations comptables s'élève à 2,7 milliards de dollars au total, selon les chiffres fournis début mai par la nouvelle direction d'AIG. Le ministère a indiqué à ce titre que "les investigations se poursuivent". "L'ironie dans cette affaire c'est qu'AIG était une entreprise bien gérée et rentable qui n'avait pas besoin de tricher", souligne M. Spitzer, rappelant que le groupe a réalisé 11 milliards de dollars de bénéfices en 2004 pour un chiffre d'affaires de près de 100 milliards.Au-delà du groupe, c'est l'ancienne équipe dirigeante qui est dans le collimateur de M. Spitzer : l'ancien directeur financier, Howard Smith, et surtout l'ancien PDG, Hank Greenberg, présenté comme l'instigateur d'un système de fraudes et dissimulations comptables mis en place il y a plus de vingt ans.M. GREENBERG AU CŒUR DU SYSTÈME DE FRAUDESLes services du ministère estiment notamment que l'ancienne direction a conduit "au moins deux" transactions fictives avec le groupe de réassurance américain General Re. La fraude a également pris la forme d'une dissimulation de pertes dans les comptes par des jeux d'écriture et de la création de revenus factices de souscriptions à des polices d'assurance, "un schéma personnellement approuvé par MM. Greenberg et Smith", selon les services de M. Spitzer. A cela s'ajoute "la dissimulation répétée aux autorités américaines des relations entre AIG et plusieurs réassureurs partenaires basés dans des zones défiscalisées".M. Greenberg, l'un des hommes d'affaires les plus puissants des Etats-Unis et qui a géré d'une main de fer AIG pendant près de quarante ans, a été contraint à la démission en mars lorsque le scandale a éclaté au grand jour. "La plainte lancée ce jour attribue ces conduites frauduleuses directement à M. Greenberg", indique le ministère. Sont cités "courriers électroniques et autres preuves montrant que M. Greenberg était personnellement impliqué dans la négocation de certaines transactions frauduleuses et qu'il a demandé à d'autres membres d'AIG de développer ce même schéma (de négociations), ce qui impliquait d'autres transactions biaisées". Selon le ministère, "depuis les années 1980, si ce n'est plus tôt, et jusqu'au départ de M. Greenberg, la direction s'est engagée de manière routinière dans la pratique de rapports financiers trompeurs, projetant ainsi indûment une image positive d'AIG aux investisseurs".M. Greenberg nie avoir mal agi. "Nous avons reçu copie de la plainte et nous l'examinons. Nous répondrons en temps utile pour nier que M. Greenberg a agi de manière frauduleuse et nous défendrons sa position vigoureusement", ont répondu ses avocats dans un bref communiqué diffusé jeudi soir.
