Annonce La dépouille mortelle de Michel Seurat rapatriée en France, Villepin lui rend hommageLe corps de l'ancien otage français Michel Seurat, retrouvé en octobre 2005 au Liban, a été remis, mardi 7 mars, à son épouse et ses deux filles, et rapatrié par avion en France, vingt ans presque jour pour jour après l'annonce de son exécution par un groupe extrémiste pro-iranien.L'avion transportant la dépouille mortelle du chercheur a été accueilli à Paris par le premier ministre français, Dominique de Villepin, qui a présidé une cérémonie d'hommage.M. de Villepin s'est rendu au pied de l'appareil pour accueillir Marie Seurat, veuve de l'ancien otage, et ses deux filles, Alexandra et Laeticia, ainsi que l'ancien otage Jean-Paul Kauffmann, compagnon de cellule de Michel Seurat durant ses neuf mois de captivité aux mains du Djihad islamique, également dans l'avion en provenance de Beyrouth."Au nom du président Jacques Chirac, je veux vous dire la solidarité de la nation toute entière dans ce moment de recueillement que nous attendions depuis près de vingt ans", a déclaré Dominique de Villepin en s'adressant à Marie Seurat et à ses filles. "Nous savons toutes les souffrances qui ont été les vôtres, pendant cette longue veille, ce temps d'incertitude et d'épreuve. Aujourd'hui, l'absence a pris fin. Aujourd'hui, c'est une force d'âme et un esprit qui retrouvent la France", a-t-il poursuivi. "Sa présence sur notre terre n'effacera pas la douleur et les regrets. Mais elle renforce notre détermination à nous battre toujours davantage au nom des valeurs que Michel Seurat a tant défendues : la liberté, le respect et la tolérance", a dit le premier ministre.CÉRÉMONIE À BEYROUTHPlus tôt dans la journée, à Beyrouth, une cérémonie avait précédé le rapatriement du corps du sociologue, mort à l'âge de 37 ans après avoir vécu quinze années entre la Syrie et le Liban. Sobre et émouvante, la cérémonie s'était tenue dans le pavillon d'honneur de l'aéroport de Beyrouth, à quelques mètres de l'endroit où avaient été enlevés, le 22 mai 1985, Michel Seurat et le journaliste Jean-Paul Kauffmann, peu après leur arrivée à Beyrouth, alors en pleine guerre."Mes émotions aujourd'hui sont inattendues. Je ne suis pas submergée par l'effroi comme je l'avais anticipé pendant des mois, mais au contraire, aujourd'hui je me sens apaisée, sereine", a déclaré Marie Seurat. Originaire d'Alep (nord de la Syrie), elle a raconté les images qui l'ont envahie avant son envol pour Beyrouth. "J'ai vu un long mur (...) sur lequel étaient gravés 17 000 noms menacés de rester effacés." "Il s'agit des 17 000 Libanais qui ont disparu depuis 1975 et dont on n'a plus entendu parler, dont on a occulté la mort", a-t-elle ajouté, évoquant les personnes enlevées et disparues, et dont les familles sont regroupées au sein d'un comité qui cherche en vain à faire la lumière sur leur sort. "Il me manque cet homme que je ne connais pas" : d'une voix nouée par l'émotion, Laeticia a évoqué son père enlevé alors qu'elle avait quelques mois.Parlant au nom du premier ministre libanais, Fouad Siniora, le ministre de la culture, Tarek Mitri, a évoqué "la disparition tragique de Michel Seurat au cœur de la tourmente libanaise d'alors, et sous les coups de l'anarchie, la barbarie, des bandes armées, des conflits et autres interférences qui déchiraient le Liban en ce temps-là".
