Annonce La déflagration repérée mercredi ou jeudi par satellite ne serait pas d'origine nucléaire. La Corée du Nord étouffe une énorme explosion a Corée du Nord vient à nouveau de prouver qu'elle est le pays le plus secret du monde. Le nord du pays aurait été le théâtre, en milieu de semaine dernière, d'une explosion d'une ampleur telle que des rumeurs d'essai nucléaire, démenties à Washington, ont commencé à circuler, mais les autorités de Pyongyang n'en avaient toujours pas dit mot hier soir. L'agence d'information nord-coréenne faisait ses gros titres sur un déjeuner entre le leader Kim Jong-il et une délégation du parti communiste chinois... Selon les informations diffusées à Séoul et à Washington, l'explosion d'origine inconnue se serait produite mercredi soir ou jeudi matin dans le district de Kimhyungjik, dans la province de Ryanggang, non loin de la frontière chinoise. Un nuage géant de près de 4 km de diamètre s'est formé au-dessus de cette région, repéré par les satellites américains. La déflagration, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, serait plus forte encore que celle provoquée en avril par la collision ferroviaire dans la gare de Ryongchon, qui a fait au moins 170 morts et des milliers de blessés. Là aussi, Pyongyang avait mis plusieurs jours avant de reconnaître les faits. Coïncidence. Dès que les premières informations sur cette nouvelle explosion ont commencé à circuler, la Corée du Nord a été soupçonnée de s'être livrée à un essai nucléaire, comme elle en agite régulièrement la menace pour peser sur les négociations en cours avec les Etats-Unis et les pays de la région sur la question atomique. Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a toutefois écarté hier cette hypothèse. Coïncidence : le matin même, avant l'annonce de l'explosion, le New York Times rapportait que l'administration Bush avait reçu des informations sur l'imminence d'un premier essai nucléaire nord-coréen... Accident industriel ou militaire, ou gros incendie de forêt mal interprété ? Toutes les hypothèses sont possibles. Selon des informations sud-coréennes, le district de Kimhyungjik serait connu pour abriter une base souterraine de missiles à 30 km de la frontière chinoise, disposant de rampes de lancement et de capacités de stockage. Le district est interdit d'accès aux délégués du Programme alimentaire mondial (PAM) chargés de superviser l'aide humanitaire dans ce pays exsangue. Un accident lors d'un test de lancement d'un missile ou d'expérimentation de nouvelles charges est tout à fait possible. Anniversaire. L'hypothèse d'un essai de missile s'appuie aussi sur le fait que, le 9 septembre, jour probable de l'explosion, est la date anniversaire du régime communiste, instauré en 1948. Reste la possibilité d'un accident industriel comme celui de la gare de Ryongchon. Le délabrement des infrastructures est tel que les catastrophes de ce type sont fréquentes, même si elles ne sont jamais annoncées par les médias officiels. Le mystérieux événement vient en tout cas compliquer encore le climat des négociations engagées à six (Etats-Unis, Chine, Japon, Russie et les deux Corées) sur la question nucléaire nord-coréenne. Les dernières révélations sur un programme secret d'expérimentation atomique par la Corée du Sud avaient donné l'occasion à Pyongyang de remettre en cause tout le processus de négociation. Les six sont censés se revoir ce mois-ci à Pékin, mais tout indique que la Corée du Nord joue la montre jusqu'à l'élection américaine, espérant qu'une administration Kerry serait plus conciliante que l'actuelle. En attendant, la nervosité reste de mise sur la péninsule. Charles Jenkins, 64 ans, ancien soldat américain accusé d'avoir déserté il y a près de quarante ans pour la Corée du Nord, s'est rendu samedi à la justice militaire américaine au Japon.