Annonce La Cour pénale internationale ouvre une enquête sur les crimes du DarfourLe procureur de la Cour pénale internationale (CPI), premier tribunal international permanent chargé de la répression des crimes de guerre, a annoncé, lundi 6 juin, avoir ouvert une enquête sur les crimes présumés commis dans la région soudanaise du Darfour. Deux mois après avoir été saisi par le Conseil de sécurité de l'ONU, pour la première fois depuis la création de la Cour, le procureur Luis Moreno-Ocampo a assuré, dans un communiqué, que cette enquête serait "impartiale et indépendante" et se concentrerait "sur les personnes portant la plus grande responsabilité pour les crimes commis au Darfour". Il a rappelé qu'elle requérait "la coopération soutenue des autorités nationales et internationales".Reprise des pourparlers intersoudanais sur la crise du Darfour Les pourparlers intersoudanais sur la crise du Darfour doivent reprendre, vendredi 10 juin, sous l'égide de l'Union africaine (UA) à Abuja, a indiqué la porte-parole d'Olusegun Obasanjo, président en exercice de l'organisation panafricaine. La première session de négociations - suspendues à plusieurs reprises à la suite de blocages entre les délégations des rebelles et celle du gouvernement de Khartoum - avait débuté en août 2004 à Abuja, à l'initiative de l'UA et du Tchad, co-médiateur dans la crise qui frappe cette province occidentale soudanaise depuis le soulèvement de rebelles en février 2003. Sur le terrain, la situation humanitaire n'a pas cessé, depuis, de se dégrader, alors que le cessez le feu entre les parties n'a jamais été respecté. L'UA a déployé au Darfour une force de protection des observateurs du cessez-le-feu composée de 2 700 militaires nigérians et rwandais. Cette force devrait passer à 7 700 hommes en septembre. (AFP)[-] fermer Le procureur avait reçu, début avril de l'ONU, une liste scellée de 51 noms de personnes accusées de crimes de guerre au Darfour par une commission d'enquête internationale. Il a, par ailleurs, recueilli des informations d'autres sources et de "plus de 50 experts indépendants", selon ce communiqué."DÉCISION HISTORIQUE" Cette enquête "fait partie d'un effort collectif, en complément des initiatives de l'Union africaine et d'autres, pour mettre fin à la violence au Darfour et promouvoir la justice", a ajouté le procureur argentin."C'est une décision historique", a commenté depuis New York Richard Dicker, directeur des affaires de justice internationale de l'organisation de défense des droits humains Human rights watch (HRW). "La décision du procureur d'enquêter sur les crimes de masse et les viols au Darfour commence à faire tourner la roue de la justice pour les victimes sur place", a-t-il estimé. Le conflit au Darfour, qui oppose des mouvements rebelles aux forces et milices pro-gouvernementales janjawids, a fait, selon les estimations, entre 180 000 et 300 000 morts et quelque 2,4 millions de déplacés depuis février 2003. Les Etats-Unis avaient même estimé qu'un génocide était en cours dans cette région du Soudan. Et bien que vivement opposé à la CPI, Washington avait alors, pour la première fois, accepté qu'elle soit saisie par le Conseil de sécurité, en s'abstenant lors du vote d'une résolution en ce sens le 31 mars. En revanche, le président soudanais, Omar Al-Bechir, a affirmé qu'il ne livrerait jamais aucun Soudanais à une juridiction étrangère.LA CPI N'A ENCORE PRONONCÉ AUCUNE INCULPATION Selon les statuts de la CPI, le procureur ne peut enquêter que lorsque la justice locale n'est pas en mesure de le faire, par manque de moyens ou de volonté. Cette enquête au Darfour est la troisième ouverte par le procureur de la CPI, M. Moreno-Ocampo, après celles sur les crimes commis en République démocratique du Congo (RDC) en juin 2004, et dans le nord de l'Ouganda, en juillet 2004. Jusqu'à présent, aucune inculpation n'a été prononcée. En mars, le procureur de la CPI avait indiqué qu'un premier mandat d'arrêt devrait être émis dans le courant de cette année et concerner une demi-douzaine de leaders soupçonnés d'exactions dans le nord de l'Ouganda. Il n'a cependant pas voulu reprendre ce chiffre récemment et s'est dit prêt à suspendre ses poursuites en Ouganda si des négociations de paix l'exigeaient. La CPI a commencé à fonctionner le 1er juillet 2002 et siège à La Haye. Elle compte 99 Etats parties parmi lesquels de nombreux Etats européens, africains et d'Amérique du Sud, alors que les Etats-Unis ne reconnaissent pas sa juridiction. Estimant qu'elle risque d'ouvrir des procès ayant des motivations d'ordre politique, Washington a en effet signé de nombreux accords visant à empêcher l'extradition de ses ressortissants vers La Haye.
