Annonce La cote de l'art russe exploseLes ventes aux enchères d'art russe organisées à Londres du 30 novembre au 4 décembre ont connu un succès sans précédent pour cette spécialité. Pas moins de quatre maisons de ventes (Christie's, Sotheby's, MacDougall's et Bonhams) sont parvenues à établir de nouveaux records, sur un marché dont les acheteurs sont principalement les Russes eux-mêmes.Christie's et Sotheby's ont enregistré les plus fortes hausses avec un total de 22 millions de livres (32,8 millions d'euros) pour la première et de 22,2 millions de livres pour la seconde, soit le double des ventes de 2004, et des estimations attendues.Principaux amateurs, les nouvelles fortunes de Russie : Moscou est la capitale au monde qui compte le plus grand nombre de milliardaires en dollars. Selon le magazine Forbes, ils sont trente-trois, avec une moyenne d'âge de 47 ans, et leur fortune totale est évaluée à plus de 20 % du PIB (Le Monde du 24 mai 2004). Bon nombre ont aussi leur résidence à Londres. Ces collectionneurs aux moyens apparemment sans limites ont pour caractéristique commune de favoriser l'art de leur pays."Ils achètent ce que leur maman leur montrait dans les musées lorsqu'ils étaient petits", explique Alexis de Tiesenhausen, expert en art russe de Christie's, interrogé par l'AFP. "Ils essaient de se constituer des collections de première qualité, avec des oeuvres dignes d'un musée, ce qui explique leur prix", ajoute-t-il, avant d'évoquer le record de la vente, l'Odalisque de Boris Kustodiev (1878-1927) : "Je me rappelle l'avoir vendue à Londres en 1989 pour 19 000 livres (28 000 euros). Et à l'époque ce prix était inespéré." C'est donc prudemment que Christie's avait estimé ce tableau, au mieux, à 220 000 livres : il est monté à 1,7 million (2,5 millions d'euros).Pour l'instant, les choix des acheteurs se portent encore sur des oeuvres de facture classique. Mais on assiste aussi à une poussée de fièvre sur des oeuvres plus récentes, comme celles des avant-gardes russes. Longtemps enterrées dans les caves des musées par les officiels de l'art soviétique, elles en sont petit à petit exhumées, pour de grandes expositions en Occident, mais aussi à Moscou même, où le conservateur Andreï Yerofeyev ou Olga Svlibova font un travail de pionnier.Ce qui oblige les conservateurs désireux d'enrichir leur fonds à des ruses de Sioux. Ivan Sautov, directeur du musée d'Etat Tsarskoïe Selo de Saint-Pétersbourg, y a eu recours pour acheter l'oeuvre qu'il convoitait : "Pour ne pas attirer l'attention des autres acheteurs, qui surenchérissent lorsqu'une oeuvre intéresse un musée, je l'ai fait acheter par une dame russe anonyme", a-t-il avoué à l'AFP.
