Annonce La Corée du Nord pose comme condition de son renoncement au nucléaire l'obtention d'un réacteur à eau légère Le chef de la délégation nord-coréenne aux pourparlers sur le nucléaire, Kim Gye-gwan, a réaffirmé, mardi 20 septembre, que la Corée du Nord ne démantèlerait pas son programme d'armement nucléaire avant d'obtenir un réacteur à eau légère pour fabriquer de l'électricité. "On nous demande de renoncer à tous nos armements, mais il n'y a rien auquel nous puissions renoncer en premier", a-t-il déclaré aux journalistes, peu avant de quitter Pékin. Le ministre des affaires étrangères nord-coréen, Kim Kye-gwan, a également affirmé que la fourniture de réacteurs à eau légère prouverait que Washington a bien tourné le dos à sa "politique hostile" à l'égard de la Corée du Nord. "Les Etats-Unis ne devraient même pas rêver de la question du démantèlement de la dissuasion nucléaire de la Corée du Nord avant d'avoir fourni des réacteurs à eau légère, une garantie concrète pour instaurer la confiance", a aussi déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères dans un communiqué transmis par l'agence de presse officielle Korean Central News Agency à Séoul. Ces propos remettent en cause la plus importante percée obtenue depuis deux ans dans les négociations à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. IRRITATION DES ÉTATS-UNIS ET DU JAPON "De telles déclarations ne peuvent pas être acceptées, a déclaré le ministre des affaires étrangères japonais, Nobutaka Machimura, lors d'un point de presse. Elles semblent indiquer que la seconde étape des négociations a déjà commencé." De même, le département d'Etat américain a estimé que les nouvelles exigences de la Corée du Nord étaient une entorse à l'accord de la veille."De toute évidence, cela ne correspond pas à l'accord [que les Nord-Coréens] ont signé, et nous verrons ce que nous réservent les prochaines semaines", a déclaré le porte-parole du département d'Etat. Lundi, à l'issue de pourparlers multipartites à Pékin, la Corée du Nord s'était engagée à abandonner son programme d'armements nucléaires en échange d'engagements pour lui procurer de l'aide et de la sécurité. Selon un communiqué commun rédigé par les six pays négociateurs (les deux Corées, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie), la demande de réacteurs à eau légère de Pyongyang devait être discutée "à une date ultérieure". Les Etats-Unis se sont toutefois montrés prudents lundi, affirmant que l'accord restait à être appliqué. "Il y a aujourd'hui un progrès, qui consiste en partie pour les Nord-Coréens à comprendre notre sérieux à ce sujet. Nous escomptons qu'il y aura un processus de vérification", avait déclaré le président Bush à des journalistes. Condoleezza Rice avait, elle aussi, estimé que le geste de Pyongyang ne constituait "qu'un premier pas" et demeurait suspendu "à la mise en œuvre effective de ces accords". "Cela nous obligera sans aucun doute à affronter les difficiles questions de la vérification du démantèlement des programmes nucléaires nord-coréens", avait poursuivi la secrétaire d'Etat. Soucieuse de ne pas jeter d'huile sur le feu, la Corée du Sud a estimé, pour sa part, que la réaction de son voisin était attendue et qu'elle ne remettait pas foncièrement en cause l'accord de la veille. La Corée du Nord a en fait toujours exigé de recevoir l'aide promise avant de démanteler son programme nucléaire, alors que les Etats-Unis demandent l'arrêt de toute activité sensible avant d'offrir la moindre garantie. Les délégations des six pays (Chine, Russie, les deux Corée, le Japon et les Etats-Unis) sont convenues de se retrouver début novembre dans la capitale chinoise pour un cinquième cycle de discussions.