Nouveau/elle La convention de l'ONU contre la corruption est entrée en vigueur Adoptée il y a deux ans et ratifiée par 38 des 140 Etats signataires, la convention des Nations unies contre la corruption, dite convention Mérida (ville du Mexique), est entrée en vigueur mercredi 14 décembre. Elle permettra d'aider les pays membres à combattre le fléau dans le secteur public aussi bien que dans le privé. "Ce sera un instrument de contrôle inégalé", s'était réjoui Antonio Costa, directeur du bureau de l'ONU contre la drogue et le crime (UNODC), lors de la Journée mondiale anti-corruption du 9 décembre dernier. L'UNODC, organisme situé à Vienne, estime que, chaque année, plus de 840 milliards d'euros sont payés en pots-de-vin pour obtenir des faveurs diverses. Ce fléau "a un visage, c'est celui de l'enfant mourant de faim parce que les fonds de développement sont pillés, celui de la grand-mère en train de mourir parce qu'elle ne peut pas payer sous la table l'infirmière qui a les médicaments", déclare Stuart Gilman, chef de l'unité anti-corruption de l'UNODC. JUSQU'À 30 % DU PIB Dans la ligne de mire de cet organisme, des régimes comme celui de l'ex-dictateur militaire du Nigeria Sani Abacha, lequel aurait détourné, selon M. Costa, quelque 4,5 milliards de dollars. Pour le directeur de l'UNODC, la convention permettra, ce qui est nouveau, de récupérer les biens volés : "Personne dans le monde ne pourra plus refuser de rendre les fonds pillés et la vieille excuse du secret bancaire ne tiendra plus", a-t-il souligné. La convention prévoit aussi l'instauration d'un système efficace d'assistance juridique mutuelle, facilitant les poursuites contre des dirigeants corrompus. L'ONU relève que, dans certains pays, le montant de la corruption équivaut à jusqu'à 30 % du produit intérieur brut. D'après Transparency International, 31 à 45 % des foyers au Cameroun, au Paraguay, au Cambodge et au Mexique ont reconnu avoir payé un pot-de-vin pendant les douze derniers mois. Selon un tableau de cette ONG, la corruptionau Bangladesh et au Tchad telle qu'elle est perçue par les populations est la pire, l'Islande et la Finlande étant à cet égard aux antipodes. RATIFIÉE PAR SEULEMENT DEUX PAYS DE L'UE Les membres d'organisations internationales seront soumis à la convention, a noté Stuart Gilman, en estimant que le scandale "Pétrole contre nourriture" sous Saddam Hussein en Irak servirait de leçon aux Nations unies, qui ont été éclaboussées tout comme une série de compagnies privées. M. Gilman a aussi regretté que les pays occidentaux "tellement demandeurs de cette convention, soient en retard par rapport aux pays en développement dans le processus de ratification". Seulement deux des 25 pays de l'Union européenne – la France et la Hongrie – l'ont fait. Martin Kreutner, du ministère de l'intérieur autrichien, a promis que Vienne serait le troisième. Selon lui, l'Autriche va faire de la lutte contre la corruption et de la protection de ceux qui révèlent de telles affaires l'une des priorités de sa présidence de l'UE au semestre prochain.