Annonce La conférence sur le climat s'ouvre en Afrique, continent "extrêmement vulnérable" Le changement climatique émerge rapidement comme étant l'une des plus sérieuses menaces à laquelle l'humanité ait jamais été confrontée", a lancé le vice-président kényan, Moody Awori, en ouvrant la 12e conférence internationale sur le climat de l'ONU, lundi 6 novembre. Quelque 6 000 participants sont attendus à cette réunion de onze jours, qui se déroule pour la première fois en Afrique sub-saharienne, dont M. Awori a souligné qu'elle était particulièrement vulnérable face au changement climatique. "Le temps d'établir les principes est révolu. Il est temps de passer à l'action sur le terrain", avait enjoint Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CCUNCC), la veille. Comme à Montréal en 2005, la réunion de Nairobi abritera parallèlement les négociations au titre de la Convention (COP12) – à laquelle adhèrent 189 des 192 Etats membres de l'ONU – et la deuxième réunion des parties au protocole de Kyoto (MOP2), ratifié par 156 pays, à l'exception notable des Etats-Unis et de l'Australie. Le protocole prévoit une réduction drastique des émissions des gaz à effet de serre, à l'origine du réchauffement rapide de notre planète. Les chantiers prioritaires, selon une source diplomatique occidentale, sont "l'après-Kyoto" – l'accord expirant en 2012 –, l'enrôlement des grandes économies émergentes comme l'Inde, la Chine ou le Brésil dans les efforts de lutte contre l'effet de serre et l'aide aux pays en développement dans ce domaine. Sur la période 2008-2012 actuellement couverte par le protocole, seuls 35 pays industrialisés et l'Union européenne – dits pays de l'Annexe I, qui représentent un tiers environ des émissions mondiales – sont tenus collectivement de réduire de 5 % leurs émissions de gaz à effet de serre, essentiellement liées à la combustion des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon). Un récent rapport de l'économiste britannique Sir Nicolas Stern, qui prévoit un impact socio-économique du changement climatique équivalent à celui des deux guerres mondiales ou de la crise de 1929, devrait stimuler la détermination des participants à la conférence de Nairobi. 30 % DES INFRASTRUCTURES CÔTIÈRES D'AFRIQUE RISQUENT D'ÊTRE SUBMERGÉES L'Afrique, en première ligne des conséquences des changements climatiques, est démunie pour y répondre, notamment en matière d'observations météorologiques, selon un nouveau rapport du CCNUCC rendu public à Nairobi. Ainsi, "30 % des infrastructures côtières d'Afrique, y compris les aménagements humains au long du golfe de Guinée et des côtes sénégalaises, gambiennes et égyptiennes, risquent d'être submergées" du fait du réchauffement de la planète, selon ce rapport. Sur la base de cette étude, l'ONU estime que "la vulnérabilité du continent face au changement climatique est beaucoup plus forte qu'on ne le pensait". Ainsi, "le rendement des cultures céréalières baissera de 5 % (...) d'ici aux années 2080, et les cultures de base, comme le sorgho au Soudan, en Ethiopie, en Erythrée et en Zambie, le maïs au Ghana, le mil au Soudan ou l'arachide en Gambie, se détérioreront en raison du changement climatique", selon la même source. Quelque 70 % des 800 millions d'Africains vivant d'une agriculture dépendante à 95 % des eaux de pluie, tout changement climatique aurait des répercussions immédiates sur la vie de ces populations, note le document. Aussi, face au "changement climatique en cours (...), la communauté internationale doit répondre en offrant une aide bien ciblée aux pays sur la première ligne qui font face à des conséquences grandissantes telles que des inondations et sécheresses extrêmes, et dont les infrastructures sont menacées par des phénomènes comme la montée du niveau des mers", a commenté le patron du Programme de l'ONU pour l'environnement (PNUE), Achim Steiner.