Annonce La conférence de Rome sur la situation au Liban s'annonce difficile Les Nations unies et les représentants de quatorze pays se réunissent, mercredi 26 juillet à Rome, autour de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, pour tenter de trouver une issue au conflit et à la crise humanitaire qui touchent le Liban depuis deux semaines. La difficulté à se mettre d'accord qui précédait déjà cette réunion est rendue plus pesante encore après l'annonce, dans la nuit de mardi à mercredi, de la mort de quatre observateurs des Nations unies au Liban. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a estimé qu'elle était le résultat d'une "attaque apparemment délibérée" des forces israéliennes contre les soldats des Nations unies. "CHOQUÉ" PAR LES DÉCLARATIONS DE M. ANNAN L'ambassadeur israélien aux Nations unies, Dan Gillerman, s'est pour sa part déclaré "choqué" par les déclarations de Kofi Annan."J'ai été choqué et profondément affligé par la déclaration hâtive du secrétaire général insinuant qu'Israël a délibérément visé un poste de l'ONU à Khiam et je suis surpris de ces affirmations prématurées et erronées", a déclaré M. Gillerman à la BBC. "Le secrétaire général, alors qu'il demande une enquête, a déjà donné ses conclusions", a déploré l'ambassadeur israélien. Et d'ajouter : "Israël effectue une enquête sur ce tragique événement et nous informerons l'ONU de ses résultats aussi vite que possible." Auparavant, Israël avait dit regretter "la mort tragique" des observateurs de l'ONU. "Nous ne prenons pas pour cible le personnel des Nations unies et, depuis le début de ce conflit, nous nous sommes constamment employés à garantir la sécurité de tous les membres de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul)". De plus, le Hezbollah a fait savoir, quelques heures avant l'ouverture de la conférence, qu'il refuserait toute condition "humiliante" à une trêve avec Israël. Le sentiment d'urgence est certes général, mais les divergences restent profondes entre Américains et Britanniques, soutiens d'Israël, et le reste des Européens et des pays arabes, qui entendent obtenir d'abord et le plus tôt possible l'arrêt des attaques israéliennes. A son arrivée à Rome, la délégation américaine a démenti, mardi soir, que les Etats-Unis cherchaient à retarder le cessez-le-feu. "Nous voulons un cessez-le-feu s'il peut durer et s'il est construit de la bonne manière. Objectivement, cela va être difficile à faire", a déclaré à la presse le porte-parole sur le Proche-Orient au département d'Etat, David Welch. Mme Rice qualifie elle-même désormais d'"urgent" ce cessez-le-feu, mais elle insiste pour que celui-ci soit assorti d'une solution globale pour le Proche-Orient incluant la mise hors d'état de nuire du Hezbollah libanais. NÉGOCIATIONS DIFFICILES La France, l'Italie, la Russie et le reste des Européens ainsi que les pays arabes soutiennent sans réserve, pour leur part, les appels de Kofi Annan à un cessez-le-feu immédiat qui serait ensuite suivi de négociations. La constitution d'une force internationale d'interposition au Liban sud que réclame désormais à peu près tout le monde risque naturellement d'être compliquée encore un peu plus par le bombardement du poste d'observation de la Finul. Constituer cette nouvelle force "va prendre du temps" et ne sera pas "facile", avaient pronostiqué les Britanniques avant même l'incident. "Tout le sujet du mandat de cette force, de la nature et de la constitution de cette force fera l'objet de négociations difficiles", avait estimé, mardi, la ministre des affaires étrangères britannique, Margaret Beckett. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, arrivé mardi à Rome, a déclaré, pour sa part : "Ce qui est important, c'est que nous quittions Rome avec une stratégie concrète." Le rôle de la Syrie et de l'Iran, qui sont les plus importants soutiens du Hezbollah au Liban, sera également abordé au cours de la conférence. "Je m'attends à ce que l'Iran et la Syrie fassent partie de la solution (...), je suis en contact avec eux", a dit M. Annan.