Condamnation La communauté internationale divisée sur la condamnation à mort de Saddam HusseinUne grand jour pour le peuple irakien". Dimanche 5 novembre, Washington a salué sans réserve la condamnation à mort de Saddam Hussein. "Vous avez maintenant la preuve absolue qu'il y a un système judiciaire indépendant en Irak", s'est félicité le porte-parole de la présidence américaine, Tony Snow, sur la chaîne de télévision NBC. "Une des choses nécessaires pour développer la capacité de l'Irak à être autonome et à se gouverner lui-même, c'est d'avoir un système judiciaire indépendant et fiable qui fasse son travail de manière impartiale et ouverte. C'est exactement ce qui est en train de se passer", a-t-il ajouté. Des ONG doutent de l'impartialité du procèsL'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a jugé que le procès de Saddam Hussein avait été "une affaire glauque, marquée par de graves failles qui remettent en question la capacité du tribunal, tel qu'il est établi actuellement, à administrer une justice juste, en conformité avec les normes internationales".Human Rights Watch a également estimé que ce procès était "une occasion ratée de donner un sens à la règle de droit" et de rendre véritablement justice aux victimes, ayant échoué à établir réellement les faits avec des preuves indiscutables.Diverses associations islamiques dans le monde ont déploré que le dictateur n'ait pas eu "droit à un procès équitable". – (Avec AFP.)[-] fermerLa sentence de mort contre Saddam Hussein a toutefois mis dans l'embarras la plupart des dirigeants européens, qui ont rappelé leur opposition à la peine capitale.Seuls les Britanniques se sont réellement félicités de la décision de la justice irakienne. "Je salue le fait que Saddam Hussein et les autres accusés ont été présentés devant la justice et ont eu à répondre de leurs crimes", a déclaré la ministre des affaires étrangères Margaret Beckett, sans évoquer la question de la peine de mort.L'ONU RÉCLAME UN MORATOIREDans les autres capitales européennes, les réactions ont été plus mitigées. Les dirigeants européens ont ainsi salué le verdict de culpabilité. "Il est satisfaisant que Saddam Hussein ait été reconnu responsable de ses crimes", a commenté le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt. Sa condamnation pour sa responsabilité dans l'exécution de 148 chiites à Doujaïl dans les années 1980 "reflète le jugement de toute la communauté internationale sur le dictateur Saddam Hussein", a estimé le chef du gouvernement italien, Romano Prodi.Mais les mêmes responsables européens, en Suède, en Espagne, au Danemark ou en Irlande, ont dans le même temps regretté la sentence de mort. "Notre désapprobation de la peine de mort ne souffre aucune exception", a déclaré Carl Bildt. "En ce qui me concerne, je ne peux que réaffirmer la contrariété et l'opposition de l'Italie concernant la peine de mort", a renchéri son homologue italien, Massimo D'Alema.La France, de son côté, n'a pas du tout salué la condamnation de Saddam Hussein, se contentant d'en prendre acte. "Dans le climat de violence que connaît actuellement l'Irak, j'espère que cette décision n'entraînera pas de nouvelles tensions", a ajouté le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy. Il a également rappelé la position de la France en faveur de l'abolition universelle de la peine capitale, mais n'a pas explicitement réclamé que Saddam Hussein soit épargné.Seule la présidence finlandaise de l'UE a demandé clairement que l'ancien président irakien ne soit pas exécuté. "L'UE est opposée à la peine capitale dans tous les cas et dans toutes les circonstances, et appelle à ne pas l'appliquer dans le cas présent", a déclaré la présidence dans un communiqué, tout en reconnaissant les violations "très graves des droits de l'homme et du droit humanitaire internationale commises par le régime de Saddam Hussein". La présidence a ainsi adopté la même ligne que le haut commissaire de l'ONU chargée des droits de l'homme, Louise Arbour, qui a réclamé un "moratoire" de cette exécution de l'ancien président.
