Liberation La Colombie libère le chef de l'ELN pour négocier la paixEn pleine impasse dans les négociations avec la guérilla marxiste des FARC, le président colombien, Alvaro Uribe, a tenté un coup de poker : il a fait libérer, mercredi 7 septembre, le chef des 4 000 guérilleros guévaristes, l'Armée de libération nationale (ELN), afin de conclure avec lui une paix séparée. "Aujourd'hui, le gouvernement a concédé pour une période de trois mois le statut de négociateur à M. Francisco Galan, qui est détenu dans la prison de Itagui, a déclaré dans la soirée le haut commissaire pour la paix, Luis Carlos Restrepo. Il pourra sortir de la prison où il se trouve pour engager des consultations avec la société civile et les différentes classes sociales afin de commencer le processus de paix."Le très populaire président Uribe, crédité de 70 % d'intentions de votes favorables pour l'élection présidentielle de mai 2006, veut par ce geste spectaculaire prouver à ses détracteurs et à la communauté internationale qu'il est prêt à œuvrer pour la paix, malgré l'échec des négociations pour la libération des otages avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie, guérilla forte de 17 000 hommes. "Le gouvernement maintient toute sa fermeté pour dérouter le terrorisme et toute l'ouverture et la générosité pour négocier avec ceux qui s'amendent et pour les accueillir au sein de la société colombienne", a déclaré le chef de l'Etat."UNE OPPORTUNITÉ EN OR" Cette annonce "met en évidence l'urgente nécessité du président Uribe de montrer au monde qu'il est capable de mener des négociations avec les guérillas. Et non de seulement mener à bien l'actuel processus de paix controversé engagé avec les paramilitaires", estime l'universitaire Vicente Torrijos. Le chef de l'Etat a fait un grand pas en direction de l'ELN, mardi : il s'est dit prêt à reconnaître qu'il existait en Colombie "un conflit armé", si les rebelles de l'ELN acceptaient un cessez-le-feu. Or l'ELN avait dénoncé – comme principaux obstacles à toute négociation –, les refus du gouvernement d'admettre le conflit armé, et l'appellation de "terroristes" pour ses guérilleros.L'Eglise catholique, qui fait régulièrement office de médiateur dans ces négociations, a qualifié l'initiative présidentielle "de geste très positif" , et estime qu'il existe "une opportunité en or" pour parvenir à un accord. C'est la sixième fois en treize ans que M. Galan sort de prison pour des négociations de paix. La dernière remonte à octobre 1998, du temps de l'ancien président Andrés Pastrana (1998-2002). Les discussions entre l'ELN et l'actuel gouvernement ont débuté en avril.
