Élection La coalition de droite réélue au Danemark La question de l'immigration a dominé la campagne. Les électeurs danois ont choisi, mardi 8 février, de reconduire leur premier ministre de centre droit, Anders Fogh Rasmussen, récompensant sans doute ainsi sa politique de baisse des impôts et sa limitation du droit d'asile. Après dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, la coalition de libéraux et de conservateurs l'emporte avec 54,2 % des suffrages, contre 44,5 % pour l'opposition de centre gauche emmenée par les sociaux-démocrates. Agé de 52 ans, M. Rasmussen sera le premier libéral à être reconduit à la tête d'un gouvernement danois. M. Rasmussen avait annoncé il y a trois semaines des élections générales anticipées - le prochain scrutin était censé se tenir avant novembre 2005 - pour profiter d'une "situation économique solide et d'un sentiment général de bien-être", comme il l'a expliqué lundi. Au QG de campagne des libéraux, les festivités semblaient un peu contrariées par la perte de quelques sièges par rapport aux dernières élections, en 2001, qui avaient porté M. Rasmussen au pouvoir. La droite obtient 95 sièges, trois de moins qu'aux précédentes élections de 2001, et l'opposition gagne 80 élus, soit trois de plus. Les quatre derniers sièges du Parlement, qui compte 179 élus, sont attribués aux représentants du Groenland et des îles Féroé. "Le plus important, c'est que le premier ministre soit réélu, ce qui est un succès historique", a estimé le ministre de l'intérieur et numéro deux du Parti libéral, Lars Lokke Rasmussen. "GRANDE DÉCEPTION" DES SOCIAUX-DÉMOCRATES La question de l'immigration a dominé la campagne. Les lois votées en 2002 ont compliqué l'attribution de l'asile politique ainsi que l'entrée dans le pays des épouses d'immigrés, ce qui a contribué à faire nettement baisser l'immigration. M. Rasmussen, qui a décidé de l'envoi de 500 soldats en Irak pour seconder l'effort de guerre américain, avait affirmé que l'arrivée de la gauche au pouvoir impliquerait un assouplissement des lois régissant le droit d'asile. De leur côté, les sociaux-démocrates n'ont pas réussi à proposer une alternative claire à la politique de M. Rasmussen en apparaissant sur la même longueur d'onde que le premier ministre sur des dossiers comme l'Irak ou l'immigration. Ils sont en passe d'enregistrer leurs plus mauvais résultats depuis des décennies. "C'est une grande déception", a indiqué le député social-démocrate Sven Auken. La coalition de gauche était emmenée par l'ex-ministre des finances et des affaires étrangères Mogens Lykketoft, 59 ans. Bien que 60 % des Danois souhaitent le retour de leur contingent engagé en Irak, la question de la guerre n'a joué qu'un rôle mineur dans la campagne, de même que celle des menaces terroristes. Le Parti social-libéral (opposition) a vraisemblablement doublé son nombre de députés. Marianne Jelved, sa chef de file, a attribué cette "grande victoire" au fait que son parti défende justement un assouplissement des lois sur l'immigration. Mais le Parti populaire danois (DPP), qui forme l'aile dure de la coalition au pouvoir et a notamment proposé d'expulser les immigrés dont les enfants commettraient des crimes, progresse également. "Cela montre que la politique d'immigration est sur la bonne voie et qu'on nous en récompense", a dit Pia Kjaersgaard, dirigeante du DPP. "Le gouvernement (...) ne pourra pas continuer s'il n'obtient pas la majorité avec nous", a ajouté Mme Kjaersgaard. L'influence de l'extrême droite au sein de la majorité a provoqué l'éloignement du Parti chrétien-démocrate, qui faisait partie auparavant de ce que l'on appelle au Danemark le "bloc bourgeois". Les premières projections n'accordaient pas, mardi soir, de sièges à ce parti, qui en détenait quatre dans l'ancienne Assemblée. La participation a été de 84,6 %, selon un chiffre provisoire, contre 87,1 % en 2001.