Législation La chasse au renard bientôt bannie de Grande-Bretagne ? Les élus de la chambre des Communes ont voté mercredi pour l'interdiction de la chasse au renard, une tradition remontant au XVIIème siècle en Grande-Bretagne. Il s'agit de la quatrième tentative pour interdire cette chasse, mais c'est aussi celle qui a le plus de chances d'aboutir. La tradition datait de trois siècles. Une véritable institution en Grande-Bretagne, défendue par des partisans farouches. Mais, ignorant le poids des ans et les cris des 8.000 à 10.000 chasseurs venus manifester devant le parlement de Westminster, les députés britanniques ont voté mercredi à une large majorité pour l'interdiction de la chasse à courre au renard. Des heurts violents se sont produits avec la police, au cours desquels dix-sept personnes ont été légèrement blessées et sept manifestants arrêtés, et cinq militants pour la chasse à courre ont réussi à s'introduire brièvement dans le parlement ; malgré cela, les élus britaniques ont tenu bon, et leur vote peut désormais être assimilé à une approbation définitive, le gouvernement ayant prévenu qu'il passerait outre toute tentative de blocage du texte de la part des Lords (la chambre haute).Le texte approuvé mercredi est la quatrième tentative pour faire aboutir une promesse électorale du Labour en 1997. Les trois premières, soutenues par une forte majorité aux Communes, avaient été victimes de la procédure parlementaire et de la mauvaise volonté des Lords. Mais le gouvernement a averti qu'il irait cette fois jusqu'au bout, au besoin en recourant au Parliament Act, une chicane utilisée seulement trois fois depuis 1949 et qui donne le dernier mot aux députés. Le projet de loi doit être soumis jeudi à la chambre des Lords.Appels à la désobéissance civileUne large majorité de Britanniques sont opposés à un sport considéré comme cruel et élitiste. Les pro-chasse appelaient à "combattre les préjugés", rappelant que la destruction de quelque 15.000 renards par an permet de maîtriser une population de près de 250.000 individus, protégeant ainsi le bétail contre les épidémies. Les anti-chasse rétorquaient, en citant des études, que l'espèce se régule d'elle-même.Michael Howard, le chef de l'opposition conservatrice, n'a pas manqué mercredi l'occasion d'accuser le Premier ministre Tony Blair de consacrer des efforts à une question sans intérêt, plutôt qu'à l'économie et à la sécurité. En réalité le débat dépasse les frontières des partis. La puissante Countryside Alliance, le plus déterminé des adversaires du projet, est ainsi présidée par un Lord travailliste, la baronne Ann Mallalieu. Tim Bonner, le porte-parole de la Countryside Alliance, s'est engagé à poursuivre le combat devant la justice, en contestant d'abord le Parliament Act, puis en sollicitant la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg. Et les appels à la désobéissance civile se sont multipliés dans les rangs des chasseurs, qui affirment vouloir poursuivre la tradition, quitte à risquer la prison.
