Annonce La carte d'identité qui fait scandale Les députés britanniques ont donné leur feu vert à la restauration de la carte d'identité. D'un côté, le gouvernement en fait son cheval de bataille pour lutter contre le terrorisme, de l'autre, ses détracteurs pointent une mesure liberticide. Vu de France, le débat peut sembler surréaliste. Pour nous, la carte d'identité fait partie de la vie de tous les jours. Outre-Manche, cette petite carte désormais plastifiée est inconnue de la plus grande partie de la population. Seules les personnes âgées se rappellent l'avoir connue. C'était il y a plus de cinquante ans, avant que Winston Churchill ne la supprime. En 2008, l'ID Card, comme l'appellent les Britanniques, devrait donc faire son retour.   A l'issue d'un débat controversé, la chambre des Communes a en effet voté son rétablissement dans la nuit de mardi à mercredi. Le clivage a dépassé les frontières traditionnelles. L'aile gauche du Labour s'est ainsi alliée aux libéraux-démocrates et à quelques Tories pour dire "non", alors que le Michael Howard, le leader conservateur, appelait à voter "oui". Le texte a néanmoins été approuvé assez largement, par 385 "oui" contre 93 "non". Le projet de loi, préparé par David Blunkett, l'ancien ministre de l'Intérieur, puis défendu par Charles Clarke, son successeur, va maintenant suivre le chemin habituel, en étant sûrement amendé et retouché d'ici son entrée en vigueur.   "Big Brother" ou sécurité ?   Ce rétablissement de la carte d'identité intervient à quelques mois des élections législatives du printemps prochain. Tony Blair, le Premier ministre, compte axer en grande partie sa campagne sur la sécurité. Son gouvernement fait donc remarquer que l'ID Card aura plusieurs fonctions importantes : mieux repérer les terroristes, lutter contre le crime organisé et l'immigration clandestine. Charles Clarke, qui a longuement défendu le projet à la tribune, a notamment expliqué que la carte d'identité "apportera à tout le monde un peu plus de sécurité, sans véritable coût pour les libertés civiles".   Dans une tribune publiée mardi dans le Times, il s'est également chargé aux arguments des détracteurs, qui pointent une dérive sécuritaire. "Il est absolument faux de dire que les cartes d'identité vont restreindre nos libertés civiques, nous faire entrer dans un nouveau '1984' et dans la société de 'Big Brother'' ou vont établir une espèce d'Etat policier et totalitaire" affirme-t-il, en référence au roman de l'écrivain George Orwell décrivant un univers déshumanisé. Même réplique sur l'argument financier. Face à une éventuel "trou" dans le budget du Royaume, Charles Clarke souligne que les fraudes sur les identités coûtent plus 1,3 milliard de livres (2 milliards d'euros) chaque année. Une somme qui sera, selon lui, en grande partie économisée.