Crise La capitale tchadienne, N'Djamena, a retrouvé le calme, jeudi 13 avril, après plusieurs heures de combats entre forces armées et rebelles. Durant la journée, Paris a démenti les accusations du Front uni pour le changement (FUC) selon lesquelles les forces françaises étaient intervenues militairement pour soutenir le régime du président Idriss Déby."Depuis ce matin, dans l'est du Tchad, l'armée française intervient militairement avec des avions. Et nous déplorons dans les villes d'Adré et de Moudeïna [près de la frontière avec le Soudan] de nombreuses victimes civiles des bombardements français", a affirmé jeudi le représentant en France du FUC, Laona Gong, en ajoutant "n'avoir pas de chiffres exacts" sur les victimes. M. Gong a déploré que la France "n'observe pas la neutralité" et soutienne "aveuglément" le régime du président Idriss Déby. Le porte-parole du ministère de la défense, Jean-François Bureau, a estimé que ces affirmations étaient "sans aucun fondement et sans aucun sérieux". Paris a toutefois reconnu qu'un Mirage français avait tiré mercredi "un coup de semonce" en direction d'une colonne de rebelles qui faisait route vers la capitale. Questionné à plusieurs reprises sur cette intervention, le porte-parole a affirmé qu'il n'avait "pas d'objectif militaire". L'avion "n'a pas tiré vers les rebelles", selon lui. Il s'agissait d'"un signal adressé aux belligérants", de "caractère psychologique ou politique, traduisant notre préoccupation de la situation et notre vigilance par rapport à la mission de nos forces : la protection de nos ressortissants". Comme on lui demandait qui avait donné l'ordre de ce "coup de semonce", et notamment s'il émanait de l'Elysée, M. Bureau est resté évasif : "Je n'en sais pas plus."Le ministère a parlé de rebelles "infiltrés" à N'Djamena, dont les "actions isolées, ponctuelles", "ne traduisent pas une action coordonnée d'unités organisées". "Aucun Français n'était menacé ce matin à N'Djamena", a-t-il ajouté. Questionné sur un refus qu'aurait opposé le président tchadien, Idriss Déby, à une offre française d'évacuer sa famille, M. Bureau a acquiescé implicitement.LE SOUDAN ACCUSÉ D'INGÉRENCESur place, le ministre de l'administration territoriale, Mahamat Ali Abdallah, a convoqué à la mi-journée la presse à l'Assemblée nationale pour proclamer la victoire. Une dizaine de rebelles, morts ou blessés, gisaient sur les marches du bâtiment, épicentre des combats. "On compte des morts par centaines côté rebelles, beaucoup de matériel a été saisi", a ajouté le général. Des sources humanitaires ont estimé dans la soirée que les combats dans la capitale avaient fait au moins 250 blessés. Mais aucun bilan des morts n'était disponible.Le ministre des affaires étrangères tchadien, Ahmat Allami, a de nouveau accusé le Soudan de soutenir la rébellion. Khartoum a démenti, affirmant au contraire avoir "expulsé" des rebelles en début de semaine. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan,"très troublé", a "condamné fermement" toute tentative de prendre le pouvoir par la force. Le Conseil de sécurité de l'ONU a commencé des discussions sur le Tchad et pourrait, selon une source diplomatique, adopter une déclaration appelant les deux voisins à respecter les accords de Tripoli du 8 février, par lequel ils s'étaient interdit d'entretenir sur leur territoire des rébellions ou de mener des activités hostiles à l'autre. Le président tchadien a affirmé, jeudi matin, sur Radio France internationale, que les colonnes de rebelles du FUC, qui avaient attaqué plus tôt N'Djamena, avaient été détruites et que la situation était "sous contrôle". Toutefois, selon les rebelles, cités par l'agence d'information Alwihda, la situation est critique pour le président tchadien, qui "aurait pris la poudre d'escampette, mercredi vers 17 heures, vers une destination inconnue" . Selon d'autres sources, il pourrait se trouver dans un camp retranché près de N'Djamena.
