Attentat La capitale birmane frappée par une série d'attentats meurtriersPlus d'une dizaine de personnes ont été tuées et au moins 160 autres blessées, samedi 7 mai, à Rangoun, dans des attaques sans précédent depuis l'arrivée de la junte au pouvoir en Birmanie, il y a plus de 40 ans. Les attentats, quasi simultanés, ont dévasté deux centres commerciaux et le Trade Centre de Rangoun, tous bondés en plein après-midi.Ces attentats, totalement inédits dans un pays gouverné d'une main de fer par une junte militaire obsédée par la sécurité, ont été confirmés par le ministère de l'intérieur. "Il y a eu quatre attentats à la bombe dans trois endroits vers 15 heures (10 h 30, heure de Paris)", a indiqué un responsable au ministère, évoquant deux explosions au centre commercial de Dagon, une au Trade Centre de Rangoun – où la Thaïlande organisait une foire exposition – et une autre dans un autre centre commercial, le Junction-8.Dans la soirée, le bilan des attentats, annoncé par la radio officielle, était de onze personnes tuées et 162 blessées. Dans la journée, en l'absence de toute communication officielle et alors que la police avait rapidement bouclé les grandes artères et rendu l'accès impossible à ces trois centres, des témoins avaient évoqué plusieurs dizaines de morts.Un témoin, présent au centre commercial Junction-8, dans les quartiers nord de la capitale, avait affirmé avoir compté "au moins 40 corps". Un autre avait dit avoir vu, au centre commercial chic de Dagon, "au moins 20 personnes mortes, certaines décapitées, d'autres n'ayant plus leurs membres". Une diplomate thaïlandaise avait affirmé pour sa part que "au centre de Dagon, des dizaines de personnes sont mortes parce que c'était bondé un samedi après-midi". Elle avait également fait état de trois morts au Trade Centre, ou un témoin birman a indiqué avoir vu de nombreux corps sans vie. "J'ai vu ces gens dans une mare de sang. Certains avaient perdu leurs bras ou leurs jambes", a-t-il dit. Un autre témoin avait évoqué des scènes de panique au centre de Dagon. "Les gens sautaient par les fenêtres. Ils couraient partout, ils étaient couverts de sang, avec leurs chemises brûlées", avait-il rapporté.On indiquait de source hospitalière ne pas être en mesure de fournir de bilan alors que les morts et blessés ne cessaient d'affluer, mais qu'au moins 200 personnes avaient été blessées. "Nous avons de nombreuses victimes qui arrivent", a confirmé un responsable du General Hospital de Rangoun, "mais on ne peut pas dire combien".DES "ÉLÉMENTS DESTRUCTEURS" INFILTRÉSLa Birmanie a connu ces derniers mois une série d'attentats à la bombe, essentiellement à Rangoun, mais avec des engins de faible puissance qui n'ont pas fait de morts, hormis un attentat à Mandalay qui avait tué deux femmes en avril.Les diplomates interrogés se perdaient en conjectures sur les auteurs possibles de ces attentats qui n'ont pas été revendiqués. "Nous n'avons jamais eu le moindre résultat d'une quelconque enquête après tous les attentats ces deux dernières années", a déclaré un diplomate occidental, ajoutant que les actions de samedi peuvent être imputées "à tous ceux qui ont des armes dans le pays". Les autorités avaient encore renforcé la sécurité ces derniers mois, expliquant que "des éléments destructeurs" s'étaient infiltrés dans le pays.Ces attentats ont eu lieu alors que la Birmanie vient de subir les pressions de l'Union européenne qui lui a soumis, lors d'une réunion Europe-Asie au Japon, "une liste de prisonniers politiques à libérer immédiatement", dont la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, leader de l'opposition toujours en résidence surveillée. U Lwin, le porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti de Mme Suu Kyi, a déclaré qu'il ne pensait pas "pas que cela pouvait arriver dans notre pays". "Je me sens très triste", a-t-il ajouté
